Le projet de « Nouvelle route de la soie », proposé par la Chine lors du sommet des pays membres de l’Organisation de coopération de Shanghaï (OCS) en Kirghizie en septembre dernier, aura un embranchement qui, transitant par le Proche-Orient, reliera l’Asie Centrale au Continent africain.
Dans cinq ans, un chemin de fer à grande vitesse sera construit entre le port d’Ashdod sur la Méditerranée et la ville d’Eilat au bord de la mer Rouge, a indiqué le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Surnommé « Red-Med » (mer Rouge-mer Méditerranée), ce projet long de 350 kilomètres, développé conjointement par Pékin et Jérusalem avec un budget de 2 milliards de dollars, assurera le transit logistique par le territoire d'Israël en contournant le canal de Suez.
La durée du trajet entre les deux villes sera réduit alors à deux heures, ce qui contribuera au développement du port d’Eilat, un peu délaissé à cause du trafic maritime important sur le canal de Suez. Selon les estimations du gouvernement israélien, le coût de l’infrastructure du projet s'élèvera à 1,9 milliard de dollars (sur 350 kilomètres de voie ferrée, 260 km sont encore à construire). Mais avec l’acquisition de l’équipement, des locomotives et les travaux d’électrification, la facture pourrait atteindre 8,1 milliards de dollars.
Malgré ces coûts considérables, le gouvernement israélien a donné son feu vert, car il espère y gagner, récupérant les quelques millions de dollars par an qui sont actuellement versés à l’Egypte pour le transit des navires par le canal de Suez.
Un nouvel axe logistique Asie-Afrique
Le lancement du chantier de construction, certes assez timide, en octobre dernier par la partie chinoise, démontre que pour la Chine, les intérêts économiques sont prioritaires sur les problèmes géopolitiques dans cette région. Et les nombreuses visites du ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi en Israël au cours de ces derniers trois mois le prouvent.
Selon Ilan Maor, ancien consul d’Israël à Shanghai et ex-directeur du Département économique du ministère des Affaires étrangères d’Israël, ce projet n’aurait pas pu aboutir sans l'aide financière de la Chine. « Les entreprises chinoises cherchent à conquérir de nouveaux marchés. Elles veulent pénétrer plus activement sur le Continent africain, y exporter plus facilement leur production. Mais je ne pense pas que le gouvernement israélien ou les entreprises israéliennes auraient pu prendre en charge seules ce grand projet », explique-t-il.
Plusieurs sources indiquent que le volume des échanges entre la Chine et les pays d'Afrique s'élève à 120 milliards de dollars. Et ce chiffre augmente très lentement, limité par les capacités du canal de Suez. La possibilité d'emprunter cet axe de transit abaisserait sensiblement le coût des marchandises chinoises pour les pays importateurs.
Cependant la RPC ne sera la seule gagnante dans ce projet. Des sociétés japonaises, allemandes, canadiennes et françaises s'intéressent déjà à ce nouveau chemin de fer.
Un « Orient express » à grande vitesse en coopération avec l’Iran ?
En 2010, dans le cadre de sa politique de développement de la« Nouvelle route de la soie », Pékin a signé avec Téhéran un accord sur la construction d’un chemin de fer à grande vitesse à travers l’Asie Centrale vers l'Europe.
S'il est construit, ce projet futuriste reliera la mer du Nord à la mer Jaune en seulement deux nuits. T