Le principal duel opposera l'ex-première ministre Ioulia Timochenko et le milliardaire Piotr Porochenko, considéré comme le sponsor numéro un de l'EuroMaïdan, écrit lundi le quotidien Kommersant.
L'ex-première ministre a mis en garde : « Je déclare une guerre personnelle aux oligarques en tant que phénomène. J'ai fait de la prison à deux reprises pour cela. Peu importe qui est leur marionnette. Si ce n'est pas l'ancien président, ils en trouveront une autre. Mais ce ne sera pas le cas avec moi. »
Timochenko a ainsi déclaré la guerre à l'unique oligarque figurant parmi les candidats, Piotr Porochenko. Tous deux ont depuis longtemps des comptes à régler. En 2005, après la victoire de la révolution orange, ils étaient en lice pour le poste de premier ministre. Timochenko avait alors gagné, mais pas pour longtemps – elle a déclaré par la suite avoir été renversée suite aux intrigues de l'oligarque. Et cette fois, il sera difficile pour la « princesse orange » de battre Porochenko. Le Maïdan a arboré des affiches controversées « Ioulia, tu es libre ! », en insinuant que les manifestants ne considéraient pas Timochenko comme leur candidat. Pendant la révolte, Timochenko était dans un hôpital carcéral, tandis que Porochenko menait les manifestants derrière lui sur une pelleteuse.
Selon un récent sondage du centre Socis, un quart des électeurs ukrainiens seraient prêts à voter pour Piotr Porochenko, 8,9 % pour Vitali Klitchko, 8,2 % pour Ioulia Timochenko. Toutefois, la situation a changé aujourd'hui. Klitchko a renoncé à participer à la course électorale et a promis son soutien à Porochenko au congrès du parti UDAR. L'ex-boxeur se présentera aux municipales à Kiev, qui se tiendront également le 25 mai. Et dans ce sens, il peut compter sur l'aide de Porochenko.
Parmi les prétendants au poste suprême, on retrouve le candidat indépendant Sergueï Tiguipko, ancien vice-premier ministre. Il s'est dit prêt à « accepter et à relever le Parti des régions » après la fuite de son leader Viktor Ianoukovitch, mais le parti n'a pas soutenu Tiguipko. Le Parti des régions a préféré avancer la candidature de l'ex-gouverneur de Kharkov Mikhaïl Dobkine, avec une cote de popularité de 4,2 %. Sergueï Tiguipko (7,3 %) a répondu par des insultes à la proposition de ses camarades de parti de retirer sa candidature. Cette réaction a été diffusée sur internet : l'hésitation et la confusion ont été semées dans les rangs du Parti des régions autrefois monolithe.
Tiguipko a l’intention de se battre pour le « marais électoral » des 20 % d'indécis, selon Socis.
Le député régional Oleg Tsarev, accusé de « lobbying des intérêts de Moscou », et Olga Bogomolets, coordinatrice des services médicaux sur le Maïdan, prétendent également à ces voix. Cette dernière, propriétaire d'une clinique dermatologique, a enregistré sa candidature après avoir collecté auprès des citoyens la caution financière nécessaire. Olga Bogomolets se présente sous le slogan « Une belle présidente pour un beau pays ».
« Porochenko et Timochenko sont favoris pour accéder au second tour, car l'électorat du Parti des régions sera « érodé » par l'abondance de candidats associés à ce parti », prédit le politologue Dmitri Kassianov.
« Un trop grand nombre de candidats se trouve sur le flanc où se situe le Parti de régions. De plus, l'électorat de l'est de l'Ukraine est effrayé et désorienté par les événements du Maïdan. Les candidats du flanc droit sont moins nombreux. Par conséquent, la concurrence est plus faible », déclare le politologue Dmitri Janguirov.
Les nationalistes ont avancé la candidature du leader du parti Svoboda Oleg Tiagnybok et du leader du Secteur droit (Praviy sektor) Dmitri Iaroch. L'Assemblée nationale ukrainienne, le plus ancien parti nationaliste, a été rebaptisée Secteur droit pour permettre à Dmitri Iaroch de se présenter à l'élection en représentant une force politique. Les habitants de Kiev plaisantent en disant que Dmitri Iaroch a montré ses ambitions présidentielles: il a été aperçu dans une limousine blindée saisie dans le garage de Viktor Ianoukovitch. T
