L’OTAN sur la défensive face à la Russie

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L’OTAN se remet, semble-t-il, du choc suscité par l’évolution impétueuse de la situation autour de l’Ukraine et de la Crimée.

Le secrétaire général de l’Organisation Anders Fogh Rasmussen a consacré presque entièrement à la Russie son allocution prononcée le 19 mars à la Brookings Institution. Un commentaire de notre observateur Petr Iskenderov.

L’autodétermination de la Crimée est la conséquence du chaos, de l’anarchie et du nationalisme à Kiev plutôt que de la pression de la Russie. Le chaos a poussé les gens à rechercher la protection de la Russie dont la Crimée faisait historiquement partie. En ce qui concerne les « régions de l’Est de l’Ukraine » mentionnées par M. Rasmussen, la Russie n’a la moindre intention de s’y ingérer.

Comment le secrétaire général de l’OTAN entend-il « punir » la Russie de ses actes indépendants en vue de défendre ses intérêts nationaux ? Selon Rasmussen, l’une des mesures est déjà appliquée : « Nous avons suspendu les projets d’opération conjointe d’escorte maritime de la mission de destruction des armes chimiques syriennes ». Il s'agit d'une décision forte, qui ne portera pas seulement préjudice à la Russie. Une autre mesure déclarée : l’arrêt des contacts de l’OTAN avec la Russie « au niveau du personnel civil et militaire ». Et enfin une troisième : l’octroi de moyens supplémentaires pour une mission aérienne de « patrouille policière des pays Baltes, des vols de reconnaissance dans l’espace polonais et roumain ». Le secrétaire général de l’OTAN a passé sous silence les projets de coopération de l’alliance avec la Russie. Bruxelles et Washington ne sont guère intéressés à les suspendre. Cela concerne en premier lieu le transit de cargaisons pour les contingents militaires occidentaux en Afghanistan, souligne l’expert militaire Victor Litovkine, chef de la rédaction des nouvelles militaires de l’agence ITAR-TASS :

« La coopération est développée sur plusieurs volets. Ainsi, la Russie a proposé son espace aérien et son territoire pour les vols des avions américains vers les bases au Tadjikistan et en Kirghizie, d’où les Américains transportent leurs contingents et cargaisons en Afghanistan. La Russie fournit aux Etats-Unis et à l’OTAN les données de renseignement sur ce qui se produit en Afghanistan. La Russie instruit les narcopoliciers afghans à ses bases dans la banlieue de Moscou et prête concours sur d’autres volets. »

Au lieu d’essayer de punir la Russie post factum, l’OTAN et d’autres institutions occidentales devraient évaluer des scénarios en Europe et coopérer plus activement en vue de prévenir d’éventuels conflits.

« Je suis toujours convaincu que le maintien d’un ordre mondial stable sur le continent est impossible sans une compréhension mutuelle universelle avec la Russie », a souligné l’ex-chancelier fédéral allemand Gerhard Schröder. L’actuelle administration de l’OTAN n’a compris ni l’un ni l’autre. Et rappellons que l’Alliance est en quête de la candidature d'un homme politique qui remplacerait Rasmussen, dont le mandat expire en juillet prochain …    N

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