Les États-Unis bercent l'Europe d’illusions gazières

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Les sanctions à l’égard des fonctionnaires, ainsi que la rhétorique dure de Bruxelles et de Washington adressée à Moscou à cause de sa position sur la Crimée sont évidemment renforcées par certaines considérations économiques. L’une d'elles, c’est le désir passionné de l'Europe « d'oublier » sa dépendance gazière de la Russie. Les Etats-Unis affirment leur disposition à aider l’UE à se libérer de ces « chaînes » et propose une alternative sous forme de gaz liquéfié. Ces plans sont-ils facilement réalisables ?

La Russie est prête à livrer son gaz non seulement en Europe, mais aussi dans la région d'Asie-Pacifique dans des volumes beaucoup plus importants qu'aujourd'hui. Les matières premières trouveront toujours acquéreur. Mais que se passera-t-il, si l’UE perd les livraisons en provenance de Russie ? Personne n’ose faire de pronostics. L'explication est assez simple : en Europe, il n'y a pas d'infrastructure élémentaire pour le passage au gaz liquéfié américain, et le marché n'est pas prêt à un tel changement. Les politiques européens raisonnables se rendent compte que la menace de sanctions gazières exercera peu probablement une influence substantielle sur la prise de décisions par Moscou. Certains experts estiment que d’ici moins de cinq ans, on pourra parler du remplacement partiel du gaz russe par le gaz américain. Selon Sergueï Pikine, directeur du Fonds du développement énergétique, cela peut avoir lieu plus tôt, la seule question étant : à quoi bon ?

« Dans quatre ans, de telles livraisons peuvent commencer. Mais ici, il y a un moment clé : pourquoi les États-Unis livreront-ils le gaz en Europe à un prix plus bas? En aggravant la situation sur le marché des États-Unis, et en l’améliorant dans l’UE, ils offriront un avantage non seulement à un allié, mais aussi à un concurrent. En effet, à l'intérieur des États-Unis, le gaz est très demandé. »

Il est clair qu’il s’agit non pas d'économie, mais plutôt de géopolitique, et plus exactement, du désir « d’assigner sa place » à la Russie et de la rendre plus « docile », en réalité de la priver d’initiative. Mais seulement, les Américains ont montré bien des fois leur amour pour l’argent et leur capacité de faire les calculs. Et il est peu probable qu’ils soient prêts à s'occuper de « l'éducation » de Moscou si cela leur porte préjudice.

Il est peu probable aussi que dans un proche avenir, aux États-Unis apparaissent des matières premières excédentaires. Les investissements dans la production du gaz schisteux ne grandissent pas. Un déficit intérieur est possible, que, probablement, il faudra compenser par des livraisons en provenance du Canada. En outre, pour l'exportation du gaz liquéfié en Europe, les capacités de production sont inexistantes. Leur création exigera des milliards de dollars. En plus, le marché règle la situation de manière à ce que l'acheteur et le vendeur retirent un profit tous les deux. Bien évidemment, en matière de gaz, les États-Unis et l’UE ne sont pas des partenaires. T

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