Tokyo cherche à évincer Washington et Moscou du marché d’armes asiatique

© RIA Novosti . Sergey MamontovRBC Daily
RBC Daily - Sputnik Afrique
S'abonner
Le gouvernement japonais a préparé un projet de loi pour autoriser le pays à exporter des armes. L'initiative est appuyée par les lobbyistes de grandes compagnies comme Mitsubishi Heavy Industries et Kawasaki Heavy Industries, qui souhaitent entrer sur le prometteur marché asiatique, écrit vendredi le quotidien RBC Daily.

Le gouvernement japonais a préparé un projet de loi pour autoriser le pays à exporter des armes. L'initiative est appuyée par les lobbyistes de grandes compagnies comme Mitsubishi Heavy Industries et Kawasaki Heavy Industries, qui souhaitent entrer sur le prometteur marché asiatique, écrit vendredi le quotidien RBC Daily.

La concurrence japonaise ne représente aucune menace particulière pour la Russie, bien que cette dernière puisse perdre les contrats pour la livraison d'avions amphibie en Inde selon les analystes.

Le gouvernement du premier ministre Shinzo Abe pourrait convenir des nouvelles règles pour les exportations d’armes d'ici fin mars. En 1967, Tokyo avait adopté ses fameux "trois principes", interdisant au pays d'exporter des armes dans les pays du bloc communiste, dans les pays frappés par les sanctions de l'Onu et les Etats impliqués dans des conflits internationaux. Cependant, dans le cadre de la lutte contre son propre militarisme, le pays avait complètement renoncé aux exportations d'armes en 1976. Selon Bloomberg, qui a mis la main sur le brouillon du projet de loi, les exportations d'armes vers les pays impliqués dans des conflits internationaux continueront d’être interdites.

Selon un sondage, 67% des Japonais s'opposent à la levée de cette interdiction. Cependant, Shinzo Abe est prêt à sacrifier l'image pacifiste du Japon dans un contexte où la puissance militaire chinoise se renforce – le budget chinois de la défense a atteint 139 milliards de dollars l'an dernier. Selon l'IHS, le Japon a dépensé pour sa défense 56,8 milliards de dollars en 2013, à la cinquième place derrière les USA, la Chine, la Russie et le Royaume-Uni.

Les principaux fournisseurs du ministère de la Défense - Mitsubishi Heavy Industries et Kawasaki Heavy Industries – prônent depuis longtemps l'assouplissement de la règlementation. Mitsubishi fabrique des navires, des sous-marins, des chars, des avions et des missiles, tandis que Kawasaki construit des avions de patrouille, des hélicoptères et des moteurs à réaction. Ils voudraient entrer sur le marché asiatique. En 2013, les dépenses des pays de l'Asie-Pacifique pour la défense se sont élevées à 369 milliards de dollars (24% de l'indice mondial). D'ici 2020 cet indice pourrait augmenter jusqu'à 28%, prédit l'IHS.

Le potentiel des exportations japonaises sera toutefois limité en raison du coût élevé de la marchandise.

Les experts s’entendent sur le fait que le Japon n'est pas un concurrent direct de la Russie. "La Russie est orientée sur le segment tarifaire moyen, par conséquent le Japon sera plutôt en concurrence avec des fournisseurs coûteux comme les USA ou la France", estime Rouslan Poukhov, directeur du Centre d'analyse stratégique et technologique. Cependant, les intérêts des pays se croiseront dans certains pays d'Asie, notamment en Inde. "Une véritable lutte pourrait éclater pour le marché indien. Il représente aujourd'hui 38% des exportations russes. Mais les USA, la France et le Royaume-Uni sont tout de même des concurrents plus sérieux pour la Russie", remarque l'analyste du Sipri Simon Vezerman.

Les Philippines, le Vietnam et l'Indonésie seraient également un marché d'écoulement potentiel. "Le Japon possède un grand nombre d'armements d'occasion, y compris des navires de patrouille. L'Indonésie préférerait probablement acheter un navire d'occasion de grande classe bon marché, plutôt qu'un navire russe neuf de classe moyenne", conclut Rouslan Poukhov.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала