Sanctions gazières contre la Russie, une arme à double tranchant pour l'UE

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La Commission Européenne a annoncé surseoir à sa décision d’octroyer à Gazprom l’accès au gazoduc OPAL, qui est le prolongement du North Stream en Allemagne. Officiellement pour demander un complément d'informations techniques.

Précédemment, l’UE avait annoncé la suspension des pourparlers sur un autre gazoduc, celui de South Stream. Les experts russes entrevoient dans ces décisions des motifs politiques liés à la situation en Ukraine. Et ajoutent que le « gel » de ces projets menace la sécurité énergétique de l’UE elle-même.

L’expert en chef de l’Union des industriels du gaz et du pétrole de Russie Roustam Tankaïev doute que la Commission Européenne fasse face à des questions d’ordre technique.

« Il n’y a aucune raison d’ordre technique. Tout s’explique exclusivement par des problèmes politiques apparus ces temps-ci entre l’UE et la Russie. On prévoyait que toutes les restrictions liées au troisième paquet énergétique de l’UE seraient levées et que Gazprom pourrait pleinement utiliser les capacités de production du réseau OPAL. Mais nous voyons que l’UE réfléchit sérieusement à la possibilité d’utiliser les livraisons d’hydrocarbures russes pour imposer des sanctions. Il est évident pour l’UE, pour la Russie et pour tous les experts non engagés que de telles sanctions frapperont en premier lieu l’UE et non la Russie. »

Le chef du département analytique de la société « Alpari », Alexandre Razouvaïev voit également dans ces déclarations européennes un lien avec les événements en Crimée et considère qu’il ne faut pas prendre au sérieux ces déclarations. Pour le moment c’est une intervention verbale en prévision du référendum en Crimée. Quand la consultation populaire aura lieu, il est fort probable que la rhétorique changera. Concernant South Stream, la base juridique est déjà prête et il faut entamer la réalisation du projet. Il faut comprendre que les Européens se rendent compte des risques liés au transit des hydrocarbures par l’Ukraine, les risques d’usure du réseau ukrainien de transport de gaz et les risques de leur dépendance à l'égard des livraisons russes de carburant.

Des tentatives d’exercer une pression sur la Russie moyennant la question gazière avaient été entreprises auparavant, mais toutes les menaces restaient rhétoriques. La Russie assure un tiers de tous les hydrocarbures indispensables à l’UE, et Bruxelles ne va pas creuser sa propre tombe, sont persuadés les experts.      N

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