Bref, une religion dangereuse, à mettre au ban des Français qui acclament la modernité et le progrès au sens anglo-saxon du terme. Comme ce peuple à l’instar des Hébreux se détourne de son Dieu, les églises ne lui sont plus d’aucune utilité d’où le triste sort de la petite église Sainte-Rita dans le quinzième arrondissement de Paris, l’une des rares en France à accueillir, tel une arche de Noé, des animaux dans sa nef. Les avis de démolition jonchent la chaussée et sont collées à même les murs néo-gothiques de ce havre de religion qui doit céder sa place aux parkings et logements sociaux destinés à accueillir la nouvelle population de France qui prie d’autres dieux. Le fervent défenseur du patrimoine Nicolas Stoquer guerroie contre la modernité des pelleteuses au nom de la France de toujours.
La Voix de la Russie. L'église Sainte-Rita de rite gallican devrait être démolie. Faute de moyens pour l'entretenir, l'association culturelle suisse, l’Église apostolique de Suisse, propriétaire des murs l'a vendue. Elle laissera la place à une trentaine de logements sociaux. Y a-t-il une chance d’éviter la démolition ?
Nicolas Stoquer. « Si nous avons lancé ce combat de défense de la paroisse Sainte-Rita à Paris, dans le quinzième arrondissement, c’est que nous pensons évidemment que cette cause désespérée, la Sainte Rita étant la patronne des causes désespérées, n’est finalement pas si désespérée que cela. Au-delà du miracle que nous attendons, je pense qu’il y a la possibilité encore de sauver cette paroisse dans le quinzième arrondissement de Paris ! La démolition des églises en France est particulièrement à la mode ces derniers temps. Une des dernières en date qui avait beaucoup fait parler est une ancienne église néo-gothique elle aussi à Abbeville. Mais la différence qu’il y a avec l’église à Abbeville qui avait été d’ailleurs pour ce qui la concerne, la propriété de la mairie ce qui n’est pas le cas de Sainte-Rita de rite gallican. Si néanmoins c’est une association cultuelle assujettie à la loi 1905, le propriétaire de Sainte-Rita est une personne privée et plus exactement, un promoteur. Donc il y a, bien sûr, l’espoir de sauver cet édifice, mais, et pour une raison essentielle, certes, il y a la bénédiction des animaux, mais vous avez là affaire à une église avec des adeptes, 300 baptêmes par an, à peu près, 200 mariages, 18 à 20 mille de paroissiens comptés sur les registres. Dimanche dernier, j’ai été à la messe dominicale, il y avait 200 ouailles ! Le premier dimanche de novembre sur la bénédiction annuelle des animaux, il y a pratiquement jusqu’à mille personnes qui viennent pour ce rassemblement animalier. Cela veut dire qu’il ne s’agit pas d’une église désaffectée, promise à la démolition, mais au contraire une église avec beaucoup de fervents, beaucoup de croyants qui, si cette église se trouvait démolie, se verraient privés de leur culte et de leur foi ! Cela contrevient d’ailleurs au principe constitutionnel des droits de l’homme inclus dans la Convention européenne des droits de l’homme c’est-à-dire la liberté de croyance ! »
LVDLR. Je signalerais à nos auditeurs et à nos lecteurs que Mgr Dominique Philippe, archevêque catholique gallican de Paris, dit qu’il avait « béni des zèbres, des dromadaires, des lamas, des tortues et même un bébé tigre…»
Nicolas Stoquer. « Un chameau aussi qui vient du centre de la France et qui chaque année reçoit la bénédiction de Mgr Philippe et de la paroisse Sainte-Rita! »
LVDLR. Bravo ! Et vous avez même un paroissien qui vient des Bouches-du-Rhône !
Nicolas Stoquer. « Ils viennent de la France entière sans parler de l’ensemble des étrangers qui viennent de Chine, des Etats-Unis et peut-être même certains d’ailleurs de Russie qui souhaitent se marier, en particulier, dans cette église Sainte-Rita ! Sachez quand même que pour l’une des plus grandes villes de tourisme au monde qu’est Paris, l’église Sainte-Rita est référencée parmi les mythes touristiques, ce qui veut dire qu’aujourd’hui la mairie de Paris s’apprêterait à démolir une référence touristique parisienne, ce qui paraît être inimaginable ! »
LVDLR. Quid du site qu’occupe Sainte Rita à côté de l’Unesco ? Le promoteur n’entend-il pas construire une annexe du quartier
Ségur ?
Nicolas Stoquer. « Comme cette église est promise à la démolition depuis plusieurs années, il y a eu plusieurs options… Il y a eu plusieurs promoteurs immobiliers qui se sont emparés de ce bien sachant d’ailleurs que la paroisse était une association loi 1905 cultuelle ce qui ne leur a jamais empêché d’en espérer la démolition… Il fut un temps où en effet, dans un ancien article du Figaro on faisait référence à l’éventualité de l’extension de l’UNESCO dans cette rue. Ce qui peut paraître hallucinant parce que l’UNESCO défend le patrimoine culturel mondial… Si demain cette église était démolie pour de bon, je crois qu’il y aurait quelque chose d’extrêmement choquant de voir des pelleteuses et bulldozers raser l’église gallicane néo-gothique du dix-neuvième siècle sous les fenêtres même de l’organisation mondiale de défense du patrimoine culturel des Nations Unies qu’est l’UNESCO. »
LVDLR. Cela semble être propre à la réalité soviétique vieille de plus de 50 ans où l’on détruisait des églises…
Nicolas Stoquer. « Vous avez tout à fait raison ! La logique de la mairie de Paris répond à la logique soviétique, mais on connaît cela en France aussi bien au niveau national qu’au niveau local ! C’est-à-dire qu’ils ont une acception du principe de laïcité qui n’est pas du tout celui de la neutralité. C’est que normalement on est censé être neutre vis-à-vis de l’ensemble des croyances mais aussi les défendre. Je rappellerai que le ministre de l’Intérieur Manuel Valls est aussi le ministre du Culte. Il est donc censé permettre l’intégralité de la liberté des croyances et des différents cultes. Au lieu de cela le pouvoir actuel à Paris ou à Matignon ou à l’Elysée, a une vision beaucoup plus réceptive de la laïcité qui ressemble étrangement à l’idée que les Soviétiques ou les communistes pouvaient s’en faire à une époque ! C’est-à-dire détruire tout principe de spiritualité pour voir cela remplacé par des valeurs républicaines qui, en réalité, sont des valeurs communautaristes et matérialistes qui développent ce que Heidegger appelait l’arraisonnement utilitaire… Cela n’est en aucun cas un humanisme. C’est quelque chose d’extrêmement surprenant et très étonnant de voir finalement l’indifférence du personnel politique de gauche à propos de l’avis de la démolition des églises en France aujourd’hui. »
LVDLR. Choquant ! Pour nous autres Russes, et on espère pour l’Unesco aussi, Sainte Rita fait tout de même partie du patrimoine religieux de la France !
Nicolas Stoquer. « C’est en plus une église gallicane c’est-à-dire une église de France ! Il n’y en a qu’une dans l’ensemble du pays ! Le gallicanisme en France a donné entre autres le jansénisme ! C’est tout une page des relations assez tumultueuses entre l’Eglise, Rome et le pouvoir ! Le pouvoir de l’Ancien Régime, certes, mais le pouvoir tout de même ! Et voilà que cette église qui est celle de Bossuet est promise à la démolition ! Il n’y a pas d’autre lieu de culte qui se réfère à cette église catholique gallicane. C’est une page entière de l’histoire de France sur laquelle on essaie de faire table rase. Cela doit vous rappeler à vous, en Russie un certain nombre d’heures extrêmement tristes de l’histoire de votre pays… Ces heures-là, nous les subissons aujourd’hui, même si c’est différemment. Mais l’emprise idéologique est assez similaire à ce que vous avez pu connaître et dont vous vous êtes heureusement aujourd’hui débarrassé! »
Commentaire de l’Auteur. Il est vrai que Nikita Khrouchtchev s’amusait à raser les églises en Russie. Il a tellement sévi qu’à un moment donné il faillit faire exploser le joyau de l’architecture slave orthodoxe la cathédrale dite de Basile Le Bienheureux qui constitue l’image même de la Place Rouge. Les pelleteuses enlevèrent du Kremlin le monastère Tchoudov qui s’y trouvait depuis les temps immémoriaux Le même Nikita, qui était Ukrainien, octroya la Crimée aux Ukrainiens. La France semble être aujourd’hui aussi malade que la Russie l’a été il y a plusieurs décennies. Venu déjà en 1789, ce mal récurrent frappe le pays de plein fouet pour le plonger dans la torpeur de l’oubli total de sa mémoire nationale.T
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