La Russie risque d’être exclue du G8

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Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague pense que les événements qui se déroulent actuellement en Crimée sont la crise la plus importante qu’ait connue l’Europe depuis le début du siècle, écrit mardi 4 mars le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague pense que les événements qui se déroulent actuellement en Crimée sont la crise la plus importante qu’ait connue l’Europe depuis le début du siècle, écrit mardi 4 mars le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Les Etats-Unis et leurs alliés ont opté pour une stratégie orientée sur l'isolement de Moscou et l'adoption de sanctions économiques. Les sept membres du G7 se sont opposés à la Russie, qui risque d'être exclue de ce club privilégié de pays influents. Washington revoit complètement ses relations commerciales et économiques avec la Russie mais l'Europe n'ira certainement pas aussi loin. Une réponse militaire de l'Otan reste exclue pour l'instant.

Le célèbre diplomate américain et ancien sous-secrétaire d'Etat Nicholas Burns estime que les événements récents sont la plus grande épreuve de politique étrangère pour Barack Obama.

Le président américain a persuadé tous les membres du G7 de suspendre leur préparation pour le sommet du G8 à Sotchi et d’annuler leurs rencontres commerciales avec les représentants russes cette semaine. Ainsi, Obama a annulé une mission commerciale des USA à Moscou et la visite d’une délégation russe à Washington concernant le secteur énergétique. Le secrétaire d'Etat John Kerry, attendu aujourd'hui à Kiev, a même menacé la Russie d’un préjudice de plusieurs milliards de dollars pour le commerce et les investissements, de sanctions en matière de visas et le départ des entreprises américaines installées en Russie. La Nouvelle Zélande a également suspendu ses pourparlers avec Moscou sur un accord de libre échange avec l'Union douanière en raison de la situation en Ukraine.

John Kerry a déclaré que l'administration ne choisirait l’option militaire qu’en dernier recours. Le commentateur du Guardian Jonathan Steele rappelle que l'Ukraine n'est pas membre de l'Otan et que pour cette raison, les engagements de défense collective ne sont pas applicables. L'Alliance n'a pas à s'ingérer dans cette situation ni verbalement ni physiquement, sinon une seule motivation serait flagrante : la volonté de poursuivre la conquête de l'espace postsoviétique et le rêve américain de déployer des forces navales en mer Noire dans les ports de Crimée à Sébastopol et à Balaklava. Selon Steele, les actions de Moscou en Crimée soulèvent bien moins de question par rapport aux opérations des Etats-Unis en Irak et en Afghanistan. Les troupes russes pourraient être retirées si la loi sur les langues dans l'est de l'Ukraine était rétablie et si des sanctions sévères étaient prises contre les nationalistes.

Robert Gates, ex-chef du Pentagone et ancien directeur de la CIA, a averti Obama que les alliés européens pourraient avoir des difficultés à passer des paroles aux actes. Gates suggère de tirer des leçons de la crise géorgienne de 2008, quand les USA insistaient sur des sanctions économiques et politiques plus larges, auxquelles les Européens n'étaient pas prêts. L'Occident a besoin de la Russie sur le dossier des armes chimiques syriennes, le problème nucléaire iranien et le retrait des troupes d'Afghanistan.

L'indécision des Européens se confirme. Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a déclaré que la suspension des livraisons de matériel militaire en Russie n'était pas encore examinée, que Moscou restait un "partenaire historique" de Paris, et que les nouvelles autorités ukrainiennes devaient "reconnaître les droits de la population russophone très nombreuse" et leur accorder certaines garanties.

Les experts ne voient pas dans cette situation un "remake" de la Guerre froide. Même la détérioration la plus sérieuse du dialogue serait incomparable aux relations qui avaient cours à l'époque de l'URSS. Le conflit reprend parfois sur certaines questions comme l'agression de la Géorgie contre l'Ossétie du Sud. Mais la Russie fait partie intégrante des processus économiques et politiques mondiaux : le retour à la Guerre froide est donc très improbable.

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