Turkménistan : l’Occident fait passer le pétrole avant la liberté de parole

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Les habitants du Turkménistan ont désormais accès aux réseaux sociaux Facebook et Youtube bloqués depuis 2009. Il est vrai cependant que malgré les assurances données par le président Gourbangoula Berdymoukhamedov, les utilisateurs d’Internet sont toujours privés d’accès à de nombreux sites étrangers pour ne rien dire de ceux de l’opposition turkmène en exil. L’Occident qui condamne traditionnellement les actes anti-démocratiques préfère cependant fermer les yeux sur les violations des droits de l’homme au Turkménistan.

De nombreux Turkmènes attendaient avec impatience l’avènement de Facebook et de Youtube populaires dans le monde entier. En effet, pendant la campagne électorale, le président Berdymoukhamedov avait promis à tous les citoyens le libre accès à Internet et la possibilité de visiter librement les sites les plus divers. Certains libéraux en ont même conclu que le pays était en train de faire les premiers pas vers la liberté de parole.

Mais, malheureusement, le miracle tant attendu ne s’est pas produit. L’accès à Internet est toujours bloqué pour la majorité des citoyens. Beaucoup sont dissuadés par les tarifs élevés des services Internet et de plus, de nombreux sites sont tout simplement verrouillés. C’est le cas des pages de l’opposition turkmène en exil et de nombreux sites étrangers. Il est vrai cependant que cet interdit ne fait qu’attiser l’intérêt des citoyens, estime Sergueï Griniaev, directeur général du Centre d’études et de prévisions stratégiques :

« Si, pour une raison ou pour une autre, les autorités bloquent l’accès à telles ou telles ressources, cela incite certaines couches sociales à le contourner pour savoir ce qui est finalement bloqué. C’est l’histoire du fameux fruit interdit et il vaut mieux renoncer le cas échéant au blocage. »

Il faut employer d’autres procédés et d’autres méthodes pour s’attaquer aux problèmes sociaux du pays mais les autorités choisissent une autre solution tantôt autorisant, tantôt interdisant l’accès aux différents sites du web, estime Alexandre Tokarenko qui dirige le service de sécurité de l’information d’ARSIB :

« Tout État joue sur l’accès ou le déni d’accès aux réseaux sociaux en se montant tantôt démocratique tant soucieux de protéger le secret de l’information. C’est un jeu politique comme un autre. »

Mais ce qui est intéressant à ce titre, c’est la position de l’Occident. Les pays européens qui condamnent traditionnellement l’absence de démocratie, ferment les yeux sur la situation des droits de l’homme au Turkménistan. Il n’y a rien d’étonnant à cela, estime Sergueï Griniaev. Le Vieux Monde préserve ses bonnes relations avec un État riche en hydrocarbures.

« Le Turkménistan possède des réserves fabuleuses de gaz naturel et l’Occident veut préserver le plus longtemps possible ses bonnes relations avec Achkhabad ».

C’est ainsi qu’il évite de soulever la question des violations des droits de l’homme et de la liberté d’expression dans ce pays. Et même s’il se permet de critiquer de temps en temps les dirigeants turkmènes, il le fait doucement, sans chercher à changer vraiment la situation. Les pays européens ont besoin des hydrocarbures turkmènes, ce qui signifie que les bonnes relations avec Achkhabad l’emportent sur tout le reste. T

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