« Ceux qui ont commis des actes de violence ou qui s'apprêtent à en commettre doivent savoir qu'ils seront sanctionnés», a lancé M. François Hollande. Il n’a pas précisé directement qui il visait, mais en déclarant que « nous avons condamné tous ces actes et la répression venant du pouvoir », M. Hollande semble bien ignorer que des « actes inqualifiables, inadmissibles, intolérables » en Ukraine ont été commis non seulement par la police mais aussi par des manifestants organisés, armés et décidés à en découdre. Prêts à occuper des bâtiments publics, dont le Parlement (la Rada), près duquel les affrontements sérieux ont commencé mardi matin, au moment où précisément les députés discutaient de l’éventuel retour à la Constitution de 2004, réclamé par l’opposition.
M. Hollande tolère beaucoup moins que cela en France de la part des manifestants. Il y a eu des exemples récents. De même en Espagne, en Grèce, en Italie et tout récemment en Bosnie Herzégovine, des manifestants ont été pour le moins maltraités, sans avoir tué une dizaine de policiers, comme l’ont fait ceux du Maïdan. Et personne ni à l’Elysée ni dans l’UE n’a condamné, ni voulu sanctionner les pouvoirs locaux. Alors n’y aurait-il pas une indignation à géométrie variable ? Le pouvoir ukrainien, aussi discrédité soit-il à l’intérieur ne serait-il pas fondé à parler d’ingérences ? Cette notion de « sanctions » évoquée à tout bout de champ en matière de relations internationales ne risque-t-elle pas de nous retomber sur le nez lorsque d’autres pays, avec d’autres cultures ou d’autres religions seront les plus forts ? Et ça risque d’arriver bientôt !
Certes, ni François Hollande ni la chancelière, n'ont nommé explicitement le président ukrainien Viktor Ianoukovitch, c’est son camp qui est nettement pointé. Et il est facile de prévoir ce que vont faire et dire à Kiev les ministres des affaires étrangères envoyés en Ukraine avant la réunion de Bruxelles pour se pencher sur la « gradation » et le « ciblage » des sanctions.
Les deux responsables ont tout de même estimé qu’une négociation devrait inclure « tous les pays concernés par la question ukrainienne », ce qui peut se comprendre comme une allusion à la Russie, jamais citée. Pourtant, les propositions russes de négociations à quatre (UE, Union douanière, Russie, Ukraine) ont été rejetées par l’UE.
« L'Ukraine n'est pas dans l'Europe, mais l'Ukraine est en Europe.», a joliment dit François Hollande. Une belle formule qui s’applique aussi à la Russie !
Ce dont heureusement sont conscients plusieurs hommes politiques français, comme Dominique de Villepin ancien Premier ministre et ex-ministre des Affaires étrangères, qui appelait jeudi matin sur Europe 1, à ne pas ignorer la Russie :
Голос Dominique de Villepin
« L’Union Européenne doit engager le dialogue avec la Russie au plus haut niveau possible. Est-ce que ça soit une délégation des chefs d’Etats, est-ce ça soit le Président de la Commission et le Président du Conseil Européen. Un dialogue doit être engagé. Et ce dialogue doit dépasser le problème de l’Ukraine. Il faut sortir de ce face-à-face avec la Russie pour offrir une perspective à la Russie. Aujourd’hui, la Russie est en train de se resserrer sur son air avec le projet d’Union Eurasienne, d’union économique des anciens pays qui restent de l’Union Soviétique, et de se tourner tous les jours d’avantage vers l’Asie. » T