La Chine part à la conquête de la Lune

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La Corée du Sud fait déjà partie du « club spatial ». L’Inde s’intéresse à Mars. Et la Chine – à la Lune.

La percée des pays d’Asie dans l’aérospatiale en 2013 étonne les experts. La Corée du Sud a lancé pour la troisième fois un missile depuis son cosmodrome. La sonde indienne Mangalyaan a décollé sur une fusée-porteuse indienne du cosmodrome qui se trouve en Inde. Cette sonde est équipée d’appareils également fabriqués en Inde pour filmer la planète Mars et ses satellites. Quant au rover chinois Yutu (qui veut dire en chinois « lapin de jade »), il évolue sur la surface lunaire depuis le 15 décembre dernier à la vitesse de 200 mètres par heure.

Yutu étudie également la structure géologique de la Lune. Les clichés panoramiques de la surface lunaire envoyés sur Terre par le rover étaient de meilleure qualité que ceux réalisés par les sondes russes et américaines.

Le rover chinois qui fonctionne avec des batteries solaires remplira une mission de trois mois. Il est équipé de caméras et de radars radio qui peuvent analyser le sol lunaire à quelques centaines de mètres de profondeur. C’est un véritable succès pour l’aérospatiale chinoise, est persuadé l’expert de l’Institut de l’Extrême-Orient Alexandre Larine.

« Ce sont des réalisations remarquables de l’aérospatiale chinoise », explique-t-il. « Et elles témoignent d’une percée dans le développement des technologies spatiales de pointe. On considère dans le monde que la Chine est seulement capable de copier les technologies des autres. Les Chinois ont réussi à prouver que ce n’est pas le cas. On peut s’attendre au fait que la Chine puisse réaliser son rêve – devenir non seulement la première économie mondiale, mais aussi le leader du progrès technologique. »

Le « lapin de jade », est un projet 100 % made in China, à la différence des vaisseaux spatiaux pilotés, qui sont conçus d’après les projets soviétiques. Le PDG du groupe russe JC Evgueni Tcherniakov considère que la Russie et la Chine ont des possibilités de coopération dans l’espace.

« La Chine développe très rapidement son secteur aérospatial », affirme-t-il. « A cette étape, en conservant une longueur d’avance sur la RPC, la Russie peut rassembler ses efforts pour y contribuer. Par exemple, pour des projets complexes, qui ne sont pas tout à fait accessibles pour le budget. La Russie et la Chine ont un besoin réel d’interaction. Au niveau des technologies, la Chine a obtenu beaucoup de la Russie, et elle continue à obtenir beaucoup. Cela lui permet de réduire le temps de développement des éléments liés à la création de la structure spatiale. »

Le rédacteur en chef du magazine Novosti kosmonavtiki (Nouvelles de la cosmonautique), Igor Marinine, membre de l’Académie russe d'astronautique cite les projets russo-chinois qui pourraient être réalisés dans l’espace.

« Cette collaboration peut être présente dans les recherches et dans le traitement de l’information depuis les satellites scientifiques. Cela pourrait être très utile de réunir ensemble le système de navigation chinois Beidou et le russe GLONASS. Cette collaboration pourrait avoir des avantages. En Russie, ce programme bénéficierait d’un soutien financier très solide, car au cours des prochaines années, une dizaine de satellites d’étude de la Terre seront lancés. Les Chinois ont également bien avancé dans ce domaine. Mais il n’y aurait aucun projet en vue dans le domaine des vols habités. La Chine n’a pas besoin de voler dans l’espace en collaboration avec la Russie, comme le font les Européens ou les Japonais. »

La première mission lunaire au 21e siècle a suscité de nombreuses rumeurs, et des articles dans la presse ont annoncé que la Chine avait l’intention d’installer sur la Lune une base militaire. Le directeur du Centre d’études sociales et politiques Vladimir Evseev considère qu’il s’agit d’un « bobard ». Ceci étant, toute percée dans l’espace est « à double usage », selon lui.

« Je ne crois pas qu’on puisse considérer un programme spatial comme uniquement pacifique. Chaque pays se demande s’il peut ou non y déployer ses armements. J'ai toujours vu un double fond dans les réalisations spatiales chinoises. Surtout que la Chine est mieux préparée pour affronter les Etats-Unis dans l’espace. Les Chinois se rendent compte que si l’armée américaine est privée de son soutien technique dans l’espace, les Américains seront privés de leurs principaux atouts techniques, notamment des technologies de blocage des canaux de liaison et des systèmes de ciblage. La Chine s’y prépare très agressivement. Probablement, elle crée ces systèmes pour réduire à néant les avantages des Etats-Unis. »

En 2013, la Chine a mis en orbite 20 satellites. Selon Vladimir Evseev, la grande majorité de ces satellites a un double objectif. T

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