Formellement, la décision doit être approuvée par le Bundestag. Comme on le sait, les forces coalisées de l’OTAN doivent quitter l’Hindou Kouch avant la fin de l’année, en transmettant la responsabilité pour la sécurité dans le pays aux structures fortes gouvernementales.
Selon la presse allemande, le Cabinet des ministres de la RFA a encore approuvé un « Compte-rendu sur le progrès en Afghanistan ». Le « progrès » est décrit, il est vrai, en termes vagues : « de nombreux Afghans » vivent mieux, l’espérance de vie a « sensiblement augmenté ». Ces évaluations sont suivies de réserves, constatant que la menace des attaques armées de la part des forces anti-gouvernementales « est toujours grande ».
En commentant le rapport, les experts disposés de façon critique n’ont pas mâché leurs mots. D’après le chef du Comité allemand pour la paix Peter Strutynski, en parlant de l’amélioration de la vie des Afghans, le gouvernement « ment franchement en sa faveur ». Tandis que l’expert pour la politique de défense du parti la Gauche, Inge Höger a qualifié de simplement « misérables » les résultats de plus de 12 ans de l’occupation de l’Afghanistan.
Le président d’Afghanistan Hamid Karzaï retarde sans cesse la signature d’un accord avec les Etats-Unis sur le statut des militaires, dont un contingent devrait rester dans le pays pour participer à la future mission. Dans les capitales des pays de l’OTAN on craint que cela puisse mettre en question la mission elle-même. En même temps, selon des informations qui se sont infiltrées dans la presse, en louvoyant en prévision des présidentielles d’avril prochain, M. Karzaï mène des pourparlers secrets avec des chefs du Taliban.
Dmitri Danilov, en charge de la section de la sécurité à l’Institut de l’Europe, voit, lui, la principale intrigue de la situation en Afghanistan précisément dans la prochaine élection présidentielle, après laquelle M. Karzaï doit partir.
« Karzaï s’en va, - dit l’expert. – Et maintenant quand il doit partir, la question se pose : du moment qu’il n’a pas su assurer la stabilité dans le pays avec tout le soutien et les injections financières des Etats-Unis et de l’OTAN, la nouvelle direction du pays saura-t-elle le faire ? Et cela constitue un nouvel aspect du problème afghan. »
Le colonel de la Bundeswehr à la retraite Wolfgang Richter, expert de l’Association allemande de la recherche et de la politique considère, quant à lui, le système du pouvoir comme l’un des problèmes principaux.
« La question aujourd’hui est de savoir en quoi consiste la légitimité du gouvernement afghan ? Au regard des standards occidentaux, nous ne sommes pas atteint ici notre objectif. »
Les amis occidentaux des Afghans sont-ils en mesure d’opérer d’ici là encore une « percée » vers des standards occidentaux ? Mais, peut-être, faut-il d’abord demander aux maîtres de l’Hindou Kouch s’ils en veulent ?