Charles Hedrich : On pourrait me qualifier de marin, alpiniste, explorateur polaire, motard de rallye, rameur. Disons que je suis « sportif-aventurier », animé par le goût de la performance et le plaisir des activités en pleine nature.
LVdlR : Quel est votre projet actuel ?
Charles Hedrich : Je mène actuellement une première mondiale, la tentative du passage du Nord Ouest à la rame, par le Nord du Canada. Actuellement en hivernage à Tuktoyaktuk, dans l'Extrême Nord canadien, j'attends la saison d'été pour reprendre ma route.
Crédit photo : Respectons la terre
LVdlR : Tout commence en 2001, lorsque vous revendez la société de chasseurs de têtes que vous aviez créée 13 ans plus tôt, vous permettez de réaliser vos rêves d'aventurier. Cette expérience entrepreneuriale vous a-t-elle servie pour la suite ?
Charles Hedrich :Quand j’ai créé ma société c’était vraiment dans le but de gagner ma vie. Quant à savoir si cette expérience entrepreneuriale m’aide aujourd’hui, la réponse est oui, que ce soit dans la recherche de sponsors ou même dans la réalisation de mes expéditions (dans les deux cas, il faut avoir une démarche stricte).
LVdlR : En 2003, vous participez au rallye Dakar dans la catégorie moto, et terminez 6e au classement, 10 mois seulement après avoir passé votre permis moto. Comment cela s'est-il passé ?
Charles Hedrich : Je termine 6e dans la catégorie 400 cm3, très loin des premiers. Je me suis beaucoup entraîné, j’ai participé à tous les rallyes coupe du monde de la saison et j’avais la chance de pouvoir me concentrer à 100% sur cet apprentissage.
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LVdlR : En 2004-2005, vous participez au Vendée Globe, que vous accomplissez en 122 jours. Vous menez néanmoins ce tour du monde en solitaire sans escale hors course. Pourquoi ?
Charles Hedrich : Suite à un différend avec le propriétaire du bateau loué pour la course, j’ai dû faire le choix de partir hors course. Ce départ a été un crève-cœur car j’étais sur la liste des participants. Le conflit avec le propriétaire est allé loin : mandat d’arrêt international lancé contre moi, communication interrompue par ses soins… J’ai malgré tout fait le tour dans les règles et réglé le conflit juridique après l’arrivée.
LVdlR : En 2006, vous gravissez l'Everest par la voie tibétaine. Quelle est la spécificité de cette voie ?
Charles Hedrich : La voie tibétaine est un peu plus technique que la voie normale, népalaise. L’ascension de l’Everest reste aujourd’hui encore aléatoire, très difficile et nécessite beaucoup d’engagement.
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LVdlR : A partir de 2007, vous vous attachez principalement à l'exploration polaire, tant au pôle Nord qu'en Antarctique. C'est lors d'une expédition polaire en solitaire au pôle Sud que vous devez abandonner à cause d'une infection. Comment cela s'est-il passé ?
Charles Hedrich : Lors de toutes mes expéditions et aventures j’ai eu globalement beaucoup de réussite. La chance a presque toujours été de mon côté. Sur cette tentative de record de vitesse sur le pôle Sud, je suis tombé malade. C’était pourtant une expédition à ma portée. Ce sont les aléas des entreprises.
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LVdlR : En 2012, vous effectuez la traversée de l'Atlantique à la rame aller-retour, sans escales, en 145 jours. Des moments de solitude ?
Charles Hedrich :La solitude n’est ni une contrainte ni une motivation. La perspective de réussir suffit à mon bonheur.
LVdlR : Une fois le passage du Nord à la rame réalisé, quel sera votre prochain projet ?
Charles Hedrich : Ma prochaine expédition sera de réussir la première traversée du désert D’Atacama au Chili en autonomie complète. Nous serons deux, Sylvain Bazin (coureur d’ultra-fond, baroudeur sur tous les chemins du monde et journaliste) et moi. Il s’agit du désert le plus aride du monde. Nous partirons chacun avec une charrette à bras de 130 kilos.
LVdlR : Quel est le point commun entre ces différentes activités, et quelles sont les bases de votre préparation physique ? Celle-ci varie-t-elle en fonction des différents exploits que vous envisagez ?
Charles Hedrich : Le point commun de toutes ces activités c’est la dimension physique. Appréhender une nouvelle activité est devenu comme une seconde nature.
Ma préparation physique est adaptée aux disciplines. S’il s’agit d’une aventure comme le passage du Nord-Ouest à la rame, ma préparation est très aléatoire, cela peut être faire du tennis. En revanche, pour des disciplines plus spécifiques comme l’Ironman, là c’est plus précis, je m’entraîne à la course, à la nage etc. et j’adapte même mon alimentation.
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LVdlR : Comment gérez-vous les difficultés que vous êtes amené à rencontrer, comme la fatigue, le découragement ?
Charles Hedrich: Au-delà de l'aspect physique, le mental joue une dimension importante et la motivation est bien évidemment un élément très important. Chaque expédition, chaque aventure est spécifique et comporte son lot de difficultés. Arriver au bout est toujours un immense plaisir.
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