Crise de l’UE : vers un parlement des pays de la zone euro ?

© Photo : EPAWolfgang Schäuble
Wolfgang Schäuble - Sputnik Afrique
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Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble n’a pas exclu l’apparition dans un avenir peu lointain d’un parlement distinct pour les pays de la zone euro qui regroupe 18 des 28 pays membres de l’UE. C’est-à-dire, que les dix autres seront automatiquement rangés parmi les « parias » parlementaires européens.

Les capitales des pays « impropres à faire partie de l’Europe » étaient encore sous le choc que la Banque d’Allemagne a surpris l’UE par une nouvelle proposition : une taxe spéciale de 10 % sur les actions, dépôts et biens immobiliers des citoyens et sociétés des pays de l’UE présentant des risques de faillite.

Les deux projets sont formulés à trois mois des élections de mai au Parlement Européen, dont le mandat est de cinq ans.

Selon tous les pronostics, une forte dérive à droite attend la « Tour de Babel parlementaire » qu’est l’UE. D’après les données du centre de sondage bruxellois Vote Watch Europe, les partis d’extrême droite sont en passe de presque doubler leur représentation, en obtenant au moins 100 mandats sur 754. Alors que l’extrême gauche aura environ 50 sièges. Les partis de centre-droit perdront un nombre important de sièges. Les sociaux-démocrates, au contraire, peuvent élargir leur représentation. Il deviendra pratiquement impossible de faire passer par un tel parlement de nouvelles lois sur la discipline financière et l’austérité budgétaire.

Nigel Farage, chef du Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni et porte-drapeau de la droite au Parlement Européen, a déclaré que la démocratie et la zone euro au sein de l’UE sont déjà en état de divorce. Et les prochaines législatives ne pourront que l’accentuer.

« Il est dès à présent absolument clair que la participation à la zone euro est absolument incompatible avec la démocratie des Etats membres. Dans l’UE vous pouvez faire tout ce que vous voulez, y compris priver les parlements nationaux d’une partie de leurs prérogatives. »

Dans l’UE on comprend bien que si l’Allemagne émet des idées concernant la réorganisation de l’Union, ce n’est pas une lubie.

Derrière la proposition de M. Schäuble il y a la logique de fer teutonique et la mauvaise volonté des Allemands de payer pour le désordre des partenaires du sud de l’UE. Le raisonnement est à peu près le suivant. Le remplacement du Traité de Lisbonne est une chose épineuse et longue (il a fallu quatre ans pour aboutir à son adoption définitive qui a échoué à trois reprises lors de référendums). Il faut un autre instrument d’application rapide des réformes allemandes. Un parlement spécial de la zone euro avec un nombre réduit de membres permettrait justement d’accélérer les procédures d’approbation des changements importants. Un tel schéma faciliterait la prise de décisions importantes sur les réformes, sans attendre l’accord de tous les autres « financièrement indisciplinés » ou opposants. Presque comme à Kiev : il y a un gouvernement et un parlement, mais on fera comme le « Maïdan » l’aura décidé. Pas tout à fait démocratiquement, mais en revanche très vite.

M. Schäuble a testé son idée à une réunion spéciale de la direction de la principale formation politique de centre-droit de l’UE – le Parti populaire européen. C’est l’un des plus grands groupes parlementaires. En plus du président du Conseil européen, Herman Van Rompuy et du chef de la Commission Européenne José Manuel Barroso, ce parti compte les chefs de 12 Etats sur les 28 de l’UE. Et c’est ce parti qui risque de perdre le plus de sièges au Parlement Européen.

La nouvelle initiative fiscale des Allemands a embarrassé encore plus l’UE. La taxe est proposée pour les pays au bord de la faillite : prélever 10 % sur les dépôts bancaires, les actions et les biens immobiliers des citoyens et des sociétés. Les Allemands ont calculé qu’avec une telle taxe les économies stables, dont l’Allemagne, auront moins à débourser pour aider les pays à problèmes.

Au sein de l’UE et de la zone euro les Allemands parviennent d’habitude à faire accepter ce qu’ils proposent. T

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