Qui plus est, le pronostic est établi à partir des données économiques comparatives objectives des Etats-Unis et de l’UE. Et ces données ne portent pas en effet trop à l’optimisme, considère notre observateur Piotr Iskenderov.
L’économie américaine s’est déjà remise des événements des années passées et entame sa croissance, alors que ce n'est pas le cas pour l’UE. Telle est la principale conclusion de Barry Eichengreen. En outre, le risque persiste pour l’UE de gonflement de nouvelles bulles financières, qui avaient en fait provoqué la crise économique globale de 2008-2009.
En effet, l’instabilité financière et les spéculations à la bourse conséquentes déterminent toujours les tendances en Europe et autour d’elle. Il n’est pas fortuit que ces derniers jours, les marchés européens aient reçu le principal coup d’envoi positif de la « décision de choc » de la Banque de Turquie de hausser tous les taux directeurs de plusieurs points.
Dans son interview à l’agence Reuters, l’expert des marchés mondiaux du courtier interbancaire britannique ICAP, Chris Clark a déclaré espérer que les actions résolues de la Banque de Turquie seont capables de « stabiliser la situation », y compris sur les marchés européens. Seulement, les problèmes proprement dits de la zone euro n’en disparaîtront pas, a relevé dans l’entretien avec La Voix de la Russie Alexeï Kouznetsov, qui dirige le Centre des études européennes à l’Institut de l’économie mondiale et des relations internationales auprès de l’Académie russe des sciences :
« Dans les pays de la zone euro, des problèmes sérieux, il est vrai, demeurent. Naturellement, les spéculateurs vont jouer là dessus et « récupérer » sur les fluctuations des actions et d’autres titres. C’est somme toute assez logique. »
L’UE et la zone euro tiendront probablement le coup cette année, comme elles l’ont fait durant toute leur existence, étant donné que l’Etat garde tout de même un rôle considérable dans le système bancaire, en prenant sur soi des engagements appropriés en matière de stabilisation de la situation, comme cela a été le cas en Espagne.
Les actions du régulateur financier de Turquie, qui est suivant différentes évaluations la 16e ou déjà la 10e économie du monde, sont certes importantes. Toutefois, lorsqu’elles exercent une si forte influence sur les marchés européens (et la Turquie, rappelons-le, ne fait partie ni de la zone euro, ni de l’UE), cela indique cette fameuse inclination de l’économie européenne pour les spéculations plutôt que pour un réel assainissement reposant sur des facteurs de production. N