Siège de Leningrad: un témoin livre son récit au Bundestag

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Cette année les représentants de tous les organismes fédéraux allemands, dont la chancelière Angela Merkel et le président Joachim Gauck, ont participé à un événement au parlement consacré au 70ème anniversaire de la levée du blocus de Léningrad.

Chaque année le parlement allemand interrompt son travail pour une "heure de mémoire" à l’occasion de la Journée de commémoration des victimes du national-socialisme, le 27 janvier, jour de la libération du camp de concentration d'Auschwitz. Cette année les représentants de tous les organismes fédéraux, dont la chancelière allemande Angela Merkel et le président Joachim Gauck, ont participé à cet événement consacré au 70ème anniversaire de la levée du blocus de Léningrad.

Une tranche de pain et de la cellulose

L’écrivain russe Daniil Granine, 95 ans, est entré au Bundestag accompagné par Angela Merkel, Joachim Gauck et soutenu par le bras par le président du parlement allemand, Norbert Lammert.

Il a raconté aux personnes présentes à quel point le blocus de Léningrad – actuelle Saint-Pétersbourg — était inattendu: la ville n'avait pas de réserves de carburant ou de produits alimentaires. Un système de tickets de rationnement a donc été mis en place presque immédiatement.

"Les malheurs du siège commençaient. A quoi ressemblait ce système de rationnement? A partir du 1er octobre, moins d'un mois après le début du blocus, les ouvriers avaient droit à 400 grammes de pain et les employés à 200 grammes. Dès novembre la norme a commencé à être considérablement réduite. Les ouvriers recevaient 250 grammes de pain, les employés et les enfants 125 grammes — soit une tranche de pain de mauvaise qualité, à moitié avec de la cellulose, du tourteau et d'autres additifs", a témoigné l'écrivain.

Les gens mouraient de faim, de froid et de manque d'eau. Beaucoup gelaient dans la rue. La ville était constamment bombardée. "Notre unité militaire se trouvait à proximité de la ville — on pouvait y venir à pied pour rejoindre le QG de l'armée. Assis dans les tranchées, nous entendions les explosions des bombardements aériens et on ressentait même les vibrations du sol", raconte Daniil Granine.

La compassion pour survivre

Il livre que c'est seulement après la guerre qu'il a appris qu'Hitler avait ordonné à ses troupes de ne pas entrer dans la ville pour éviter les pertes dans les combats urbains, où les chars ne pouvaient pas agir. "En fait, l'armée allemande attendait sans trop d'efforts que la famine et le froid forcent la ville à capituler. […] Elle a attendu 900 jours. Les soldats doivent affronter les soldats, la guerre est une affaire de soldats. Mais ici on a utilisé la famine pour combattre les soldats. J’étais posté en première ligne et pendant longtemps, je n’ai pas réussi à pardonner aux Allemands cette attente de reddition, l'attente de la chute de la ville", témoigne l'écrivain.

Plus tard, quand il travaillait avec Ales Adamovitch sur son Journal du Blocus, il interrogeait souvent les personnes ayant survécu au blocus pour savoir comment ils avaient réussi à rester en vie. La plupart répondaient qu'ils avaient survécu en cherchant à aider d'autres personnes.

"Le principal héros de la ville était un passant inconnu qui essayait de relever une personne tombée de fatigue pour l'amener dans un endroit où étaient distribuées des tasses d'eau chaudes, il n'y avait rien d'autre – et cela sauvait souvent la vie. Une vraie compassion s'était éveillée chez les gens", a déclaré Daniel Granine. Certains députés ont pleuré pendant son discours.

Les troupes allemandes fascistes ont assiégé Leningrad le 8 septembre 1941 et le blocus a duré presque 900 jours. Le 27 janvier 1944, l'opération offensive Léningrad-Novgorod a permis de libérer la ville entièrement. Plus de 641.000 personnes (au moins 1 million, selon d'autres informations) ont péri de faim et sous les bombardements pendant le siège.

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