L'idée que les principaux leaders de l'opposition dirigent le gouvernement ukrainien, offre formulée samedi par le président Viktor Ianoukovitch, est une tentative de diviser l'opposition et elle sera rejetée, considèrent des politologues ukrainiens interrogés dimanche par l'agence RIA Novosti.
"M.Ianoukovitch doit se montrer ouvert aux négociations, mais dans les faits c'est une imitation. C'est un moyen de provoquer un schisme au sein de l'opposition et sur Maïdan (Place de l'Indépendance, théâtre de manifestations antigouvernementales, ndlr)", a indiqué à RIA Novosti Alexeï Garan, de l'Académie Mohyla de Kiev.
Selon ce dernier, il est peu probable que le chef du parti Batkivchtchina, Arseni Iatseniouk, accepte de présider le gouvernement.
"C'est attirant, mais il s'agit un piège", considère M.Garan.
De son côté, Vadim Karasev de l'Institut des stratégies globales y repère des indices d'un jeu tactique.
"Ceci montre que le pouvoir ne mise pas sur un scénario de force, mais cherche à parvenir à un règlement politique, mais avec ses propres règles, car on y voit des éléments d'un jeu tactiques et une série de pièges", a expliqué M.Karasev.
"C'était une tentative de diviser l'opposition, mais ça n'a pas marché", a poursuivi le politologue ukrainien.
Toutefois, si l'opposition rejette cette offre, ceci profitera au pouvoir actuel qui dira alors que l'opposition a rejeté le dialogue, a-t-il encore ajouté.
M.Karasev a en outre expliqué que lors de la prochaine session extraordinaire du parlement ukrainien, qui sera consacrée à la sortie de crise, l'opposition tentera de mettre de son côté une partie du groupe parlementaire du Parti des Régions (au pouvoir en Ukraine).
Se référant à la ministre ukrainienne de la Justice, Elena Loukach, le portail internet de la présidence ukrainienne a rapporté samedi que M.Ianoukovitch avait proposé au chef du parti Batkivchtchina Arseni Iatseniouk le poste de premier ministre. Le dirigeant du parti d'opposition Oudar Vitali Klitchko a de son côté été proposé au poste de vice-premier ministre en charge des questions humanitaires.
En commentant cette proposition, M.Iatseniouk a déclaré que l'opposition ne pouvait ni accepter, ni rejeter l'offre en question, une telle décision nécessitant des consultations au sein des fractions et un accord populaire.