A l’unanimité, les ministres des Affaires étrangères de l'UE ont donné hier leur feu vert à une mission européenne en République centrafricaine qui pourrait impliquer jusqu'à 1.000 casques bleus, écrit mardi 21 janvier le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
Bruxelles souligne qu’il s'agit de la première opération terrestre de l'Union européenne depuis six ans. Les détails du plan, qui ont filtré dans la presse, évoquent également le projet d'envoyer au Mali un contingent franco-allemand d'une centaine de soldats, selon certaines sources.
Le conflit interconfessionnel entre chrétiens et musulmans en Centrafrique dégénère aujourd’hui en génocide et a déjà engendré près d'un million de réfugiés. Plus de mille personnes ont été tuées le moins dernier seulement dans la capitale, Bangui. Les réfugiés évoquent d'horribles cruautés et racontent que les gens sont égorgés comme des animaux. "La crise a tous les aspects que nous avons déjà vus au Rwanda et en Bosnie. Les éléments sont réunis pour un génocide.
Il n’y a pas de doute", a déclaré jeudi John Ging, directeur des opérations de l’Office des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA). La France n'est pas à même de rétablir la sécurité à elle seule: l'ambassadeur français à l'Onu Gérard Araud a reconnu que de toute évidence, Paris avait sous-estimé l'importance du conflit interethnique. C'est pourquoi les Français ont demandé de l'aide à d'autres pays européens.
Pour l'instant il ne s'agit que d'une ligne politique commune de l'UE en Centrafrique.
Une planification militaire minutieuse et l'approbation du Conseil de sécurité des Nations unies sont encore nécessaires pour envoyer une mission de 300 à 500 casques bleus. Le Royaume-Uni, l'Allemagne et l'Italie ont préalablement refusé de participer à cette opération. L'Estonie a confirmé qu'elle mettrait à disposition 55 hommes. La Suède, la Finlande, la Belgique, la Lituanie, la Slovénie et la Pologne ont fait part de leur intérêt pour rejoindre le contingent.
Selon les diplomates, les casques bleus seront projetés en Centrafrique à partir de fin février.
La mission militaire européenne, sous le commandement de la France, durera entre 4 et 6 mois puis le contrôle sera transmis à l'Union africaine (UA).
Il est prévu de déployer le contingent européen autour de Bangui pour protéger les habitants de la capitale et l'aéroport. L'UE et l'UA agissent en collaboration avec les Etats-Unis, qui transfèrent actuellement les troupes rwandaises en Centrafrique - deux avions de transport C-17 ont déplacé jeudi 70 soldats de Kigali à Bangui où ils seront 800 en tout. Deux avions pour le transport de troupes et deux ravitailleurs ont été proposés à Bangui par Berlin. Il s'agit de la première opération terrestre d'envergure de l'UE depuis six ans et l'envoi de troupes au Tchad et en Centrafrique, dans le cadre du conflit du Darfour en 2008. Une autre mission militaire de l'UE au Mali, d'un autre ordre, a pour objectif de former l'armée locale.
D'après les revues Süddeutsche Zeitung et Spiegel, c'est la brigade franco-allemande (BFA) créée en 1989 qui participera à l'opération au Mali, selon des sources militaires allemandes. D'après le quotidien Dernières Nouvelles d'Alsace, le général Mark Rudkiewicz, commandant de la BFA, a déclaré qu'une centaine de soldats de la brigade seraient envoyés à Bamako en mars. Rappelons que Berlin fait partie de la mission de l'Onu pour le maintien de la paix au Mali et de la mission de formation de l'UE, qui sera rejointe par les soldats de la BFA, selon le général Rudkiewicz.
L'information officielle est attendue le 19 février à l'issue du conseil bilatéral pour la défense à Paris. Pour la presse française, la volonté de Berlin d’aider plus activement Paris au Sahel signe une nouvelle ère de la coopération franco-allemande, que le président François Hollande a une nouvelle fois promis de développer lors d'une conférence de presse le 14 janvier.