Le navire russe Oleg Naïdenov toujours bloqué au Sénégal

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L’Agence fédérale russe pour la pêche (Rosrybolovstvo) prépare plusieurs plaintes en justice contre les autorités sénégalaises après l’arraisonnement du navire de pêche russe Oleg Naïdenov, écrit jeudi le quotidien Rossiïskaïa gazeta se référant au service de presse de l’agence.

L’Agence fédérale russe pour la pêche (Rosrybolovstvo) prépare plusieurs plaintes en justice contre les autorités sénégalaises après l’arraisonnement du navire de pêche russe Oleg Naïdenov, écrit jeudi le quotidien Rossiïskaïa gazeta se référant au service de presse de l’agence. Ces plaintes porteraient sur l’arraisonnement du chalutier, le recours aux armes et à la force, le refus des soins médicaux à l’équipage et les dommages financiers - un jour d’inactivité d’un tel bateau coûte environ 1 million de roubles (un peu plus de 22 000 euros).  

Au moins quatre membres de l’équipage de l’Oleg Naïdenov ont été blessés lors de l’attaque violente des forces sénégalaises et n’ont toujours pas reçu de soins. L’état de santé du capitaine Vadim Mantorov est le plus préoccupant : ce dernier a subi des coups qui auraient endommagé ses reins mais le navire ne dispose pas de l’équipement nécessaire pour établir un diagnostic. Un autre membre de l’équipage aurait également besoin d’un examen radiographique. La partie russe s’était pourtant mise d’accord avec les autorités locales pour organiser un trajet vers l’hôpital mais une patrouille militaire a réduit tous ces efforts à néant. "On a empêché nos hommes de quitter le navire", raconte Rosrybolovstvo.  

Le chalutier russe, encerclé par les patrouilleurs, se trouve actuellement dans une base militaire près de Dakar. Tous les documents qui se trouvaient à son bord ont été confisqués. Selon Rosrybolovstvo, les marins russes sont toutefois en mesure de contacter le propriétaire du navire et leurs familles : "Nous sommes toujours en contact avec les membres de l’équipage". Ces derniers bénéficient du soutien de leurs proches et de toute la ville de Mourmansk où est enregistré le chalutier. Le navire porte même le nom du premier maire de Mourmansk qui a fait beaucoup de bien à cette ville septentrionale, ses habitants et les pêcheurs. Les gens apprécient donc énormément ce chalutier et les traditions qui y sont liées.   

Selon l’agence russe, le navire possède des réserves suffisantes de médicaments, de la nourriture et de l’eau. Il est ainsi autosuffisant mais l’équipage a toutefois besoin d’un examen médical urgent et de soins de qualité. 

En attendant les négociations sur le sort du chalutier russe traînent en longueur. La partie sénégalaise a reporté deux fois les pourparlers prévus avec le président Macky Sall. Le chef de Rosrybolovstvo Andreï Kraïni s’est adressé à ce dernier en formulant les principes fondamentaux de coopération avec les Etats d’Afrique de l’ouest dans le domaine de la pêche, de la science et de l’éducation, et a notamment espéré que l’incident n’influerait sur la coopération ultérieure.

Rosrybolovstvo explique ces tergiversations par une concurrence accrue entre les compagnies transnationales et des actions illégitimes de l’organisation écologiste internationale Greenpeace, qui fait pression sur les autorités sénégalaises et accuse le navire d’avoir enfreint les règles de la pêche. "La pêche dans ces eaux est régulée par des accords intergouvernementaux et des licences, que nous présenterons aux avocats et aux tribunaux. Les accusations de Greenpeace restent sur la conscience de cette organisation", indique l’agence russe. Iouri Parchev, directeur exécutif de la compagnie Phoenix qui possède le navire, a récemment souligné que le chalutier avait pêché dans les eaux de la Guinée-Bissau et pas celles du Sénégal.   
Qui plus est, les autorités sénégalaises n’ont toujours formulé aucune accusation officielle et n’ont pas soumis de documents concrets concernant le navire russe et son équipage. Hier, des sources ont annoncé la volonté du Sénégal d’infliger une amende de 600 000 euros au propriétaire du chalutier et de confisquer sa cargaison. Pour combien de temps l’équipage russe devra rester prisonnier des militaires sénégalais ? Pour le moment on n’en a aucune idée. Et c’est le plus inquiétant.

"S’il y avait des accusations concrètes, on pourrait les contester devant des tribunaux internationaux, par des procédés juridiques, et laisser partir le bateau et son équipage. Mais la situation reste de fait sous contrôle de l’armée et des militaires de ce pays", estime Rosrybolovstvo. L’agence et les diplomates russes font tout leur possible pour régler le conflit.

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