Ce mainstream médiatique global, dominant et totalitaire, a, durant les dernières décennies, été l’une des principales armes du bloc occidental pour s’imposer dans les esprits et, n’en doutons pas, sur le terrain et dans les manuels d’histoire. La bataille pour l’information ne revêt en effet pas seulement un aspect immédiat mais, par les directions qu’elle fait prendre à l’histoire, un aspect historique fondamental et global. La guerre en Syrie et les conséquences globales de la défaite en cours du scénario historique occidental programmé, sont un exemple, le plus récent, de la force que peut revêtir la bonne communication d’une vision du monde par une puissance régionale ou mondiale.
Dans le cas de la Russie, la communication pour l’étranger, soit la vente de la vision russe du monde, s’est faite de façon excessivement modérée et démocratique (et c’est à l’honneur de la Russie) dans un monde qui foncièrement l’est de moins en moins, surtout lorsqu’il s’agit pour les puissances dominantes actuelle de négocier avec les ambitions russes. Soyons objectifs, la vision russe du monde et les objectifs de la Russie sont pour le moins contradictoires avec ceux du cœur dominant du dispositif dominant actuel : les Etats-Unis d’Amérique.
La domination médiatique du monde occidental cependant n’est pas que le fait de Washington et de ses alliés à l’extérieur de la Russie. Les agents actifs du dispositif médiatique global sont présents dans nombre de structures médiatiques existantes. A titre d’exemple, les journaux les plus en vue en Russie sont les gazettes d’opposition Kommersant (qui insultait grossièrement le président russe en 2011) ou Vedemosti, qui est une initiative conjointe du Financial Times et du Wall Street Journal. Peut-on dès lors encore croire ceux qui nous rabâchent les oreilles avec le fait que la presse en Russie ne soit pas libre ?
Ce scénario se répète dans nombre de médias radios et télévisés ou la ligne libérale et pro-occidentale est encore fondamentalement dominante, les journalistes et experts ayant fondamentalement honte d’une Russie forte et qui affirme ses positions. Ces journalistes et analystes russes savent-ils que la majorité des européens (des peuples) ne les soutiennent pas, pas plus du reste que la majorité des Russes ne les soutiennent ? Se rendent-ils comptent que fondamentalement l’histoire semble devoir leur donner tort ?
Pour s’en convaincre on peut regarder les résultats de la soi disant chaine RUSSIA TODAY, que nombre d’analystes nous prédisaient sans avenir car trop propagandiste. Créée en 2005, RT s’est rapidement et très habilement diversifiée avec la création de la chaîne arabophone Rusiya Al-Yaum (RT Arabic) en 2007, RT en Español en 2009, RT America en 2010 et de la chaîne RT Documentary en 2011. Les resultats sont probants puisque RT a réussi à se hisser à la deuxième place des chaînes d’information en continu aux États-Unis, compte 2.000 employés et 21 bureaux à travers le monde, attire plus de 530 millions de spectateurs soit 22 % des abonnés au câble dans le monde et est devenue la première chaîne d'info au monde sur Youtube.
En s’adressant aux peuples avant tout et non uniquement aux spécialistes, journalistes et initiés sur la Russie, RT est la preuve qu’un média sérieux, professionnel, offensif, dissonant et patriotique a toute sa place pour dominer l’espace médiatique global.
Serait-ce là le modèle adéquat pour la future agence Rossia Segodnia ? N
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur