En liberté Mikhaïl Khodorkovski n'influera pas plus sur la politique nationale russe qu’il le faisait en prison. Ni l'opposition ni les politologues ne s'attendent à des changements considérables du régime politique en Russie. Mais pratiquement personne ne doute que Khodorkovski deviendra un "leader de l'opinion publique", écrit lundi le quotidien Kommersant.
Les leaders démocrates russes comprennent que Khodorkovski ne veuille plus faire de politique. Même si pendant ses dix années de détention ils l’aient tous qualifié de "prisonnier politique".
Dans le contexte de la "seconde affaire Ioukos" (la condamnation a été prononcée le 30 décembre 2010, quand l'élite politique se préparait déjà au cycle électoral 2011-2012) certains politologues étaient persuadés que si Khodorkovski avait été remis en liberté à cette époque, il serait devenu un leader informel des forces libérales-démocrates.
Mais hier seule Lioudmila Alexeïeva, présidente du Groupe Helsinki de Moscou, était de cet avis: "Nous avons besoin d'un leader spirituel et je suis persuadée qu'il le deviendra comme l'était, par exemple, Andreï Sakharov".
Les politiques ne s'attendent à aucun changement au niveau national. "La Russie va améliorer son image aux yeux de l'Union européenne", a déclaré Boris Nadejdine, doyen de la chaire de droit et ancien membre de l'administration de l'ex-parti libéral SPS. Il pense que la situation politique en Russie aurait pu changer si Mikhaïl Khodorkovski avait décidé de revenir en politique. Mais "cette grâce n'est qu'une décision personnelle de Poutine à l'égard de Khodorkovski personnellement". Ce n'est pas un "fragment de dégel global", affirme Boris Nadejdine.
Sergueï Ivanenko, membre du comité politique du parti Iabloko, pense que "Khodorkovski en liberté n’est pas un facteur plus influent que Khodorkovski en prison". Selon lui des changements en politique nationale ne seraient possibles que grâce aux efforts de l'opposition.
D'après Boris Nemtsov, coprésident du parti RPR-Parnas, cette grâce est absolument incomparable avec le "retour d'Andreï Sakharov à l'époque de Gorbatchev ou le retour d'Alexandre Soljenitsyne en Russie à l'époque d'Eltsine".
"En réalité la libération de Khodorkovski a précisément eu lieu parce qu'il ne représente aucun risque politique pour le régime", ajoute Mikhaïl Emelianov, vice-président de la fraction parlementaire de Russie juste. Et maintenant Vladimir Poutine n'aura plus à répondre aux questions désagréables au sujet de Khodorkovski.
Quoi qu'il en soit Mikhaïl Khodorkovski deviendra un "leader de l'opinion publique", affirme Boris Makarenko, président du Centre de technologies politiques.
"Même sans faire de politique il exercera une influence, avant tout sur le secteur démocratique", ajoute Evgueni Mintchenko, directeur général de l'Institut international d'expertise politique.
En ne renonçant pas à toute activité publique Khodorkovski pourrait causer des ennuis à Alexeï Navalny et Mikhaïl Prokhorov. De plus, l'ex-oligarque pourrait "désagréablement surprendre les libéraux en rejoignant la position officielle, y compris celle de Vladimir Poutine, comme ce fut le cas, par exemple, concernant la Géorgie.