Les services de renseignement occidentaux sont sérieusement préoccupés par l’éventualité d’accaparement par les terroristes de ces technologies potentiellement dangereuses.
Les gouvernements de 41 états dont la Grande-Bretagne, les États-Unis et la Russie, ont signé les avenants aux Conventions de Wassenaar qui réglementent depuis 1996 le contrôle de l’exportation d’armements conventionnels et de technologies duales. La signature des avenants s’explique par la révélation du réseau global d’espionnage mise en place par la NSA américaine, estime Victor Mourakhovski, rédacteur en chef de la revue Arsenal de la Patrie :
« Cette préoccupation fait suite à l’ampleur de la surveillance pratiquée sur les citoyens du rang et révélée par Snowden. En fait, on sait depuis longtemps qu’internet est utilisé par les services de renseignement à des fins de collecte et d’analyse d’informations. Le président russe l’avait mentionné comme une chose banale. Par contre, la surveillance électronique des simples citoyens à travers le monde entier a constitué un choc pour l’opinion publique et de nombreuses institutions publiques. »
A la fin de l’année, de nombreux états ont déclaré leur intention de durcir leur politique de sécurisation de l’information. Le parlement suédois avait même proposé de créer un système national de lancement de cyber-attaques. Dans ce contexte, la signature des avenants aux Conventions de Wassenaar peut sans doute être interprétée comme une tentative de la communauté internationale d’éviter « une bataille numérique » dans l’espace cybernétique, estime Andreï Massalovitch, directeur du département de surveillance de la concurrence de la société DialogueScience :
« Ce n’est pas la toute-puissance des services de renseignement qui préoccupe réellement les gouvernements des pays différents mais l’impunité absolue dont ils jouissent en surveillant leurs propres citoyens, les ambassades étrangères et leurs activités. C’est la raison pour laquelle les états sont en train de conclure des conventions destinées à conférer aux activités des services de renseignement un cadre raisonnable. »
Quant aux craintes des services de renseignement occidentaux de voir tomber les logiciels-espions entre les mains des terroristes, Andreï Masalovitch estime qu’il faut, parallèlement, procéder à la recherche de solutions technologiques nouvelles :
« Si ces logiciels tombent réellement entre les mains des terroristes, ceux-ci s’appliqueront à tromper les logiciels-espions au lieu d’exercer une surveillance latente des citoyens. En effet, les terroristes n’ont aucun intérêt à surveiller les communications d’autrui mais cherchent au contraire à dissimuler leurs plans de préparation d’attentats. C’est pour cette raison qu’il faut plutôt commencer par perfectionner les techniques permettant de les contrecarrer. »
Les experts estiment que le moment où les organisations terroristes se consacreront à l’élaboration des logiciels de collecte et d’analyse d’informations glanés sur Internet dans leurs propres intérêts est encore loin, parce cette activité est actuellement trop coûteuse et prend beaucoup de temps. Le terrorisme international préfère le recrutement de nouveaux membres au travail de programmation et d’analyse. T