« Après sa remise en liberté, Mikhaïl Khodorkovski a demandé en personne de lui faire des documents nécessaires lui permettant d’aller à l’étranger. Ensuite, il est parti en Allemagne, où sa mère est soignée », a annoncé le service de presse.
Le porte-parole de la fraction de gauche pour les affaires étrangères Wolfgang Gehrcke répond aux questions dans une interview avec La Voix de la Russie.
Pourquoi M. Khodorkovski a écrit une demande de grâce au président russe Vladimir Poutine huit mois avant la date prévue de sa sortie de prison?
Je suppose qu’il ne voulait plus rester en prison, ce que je comprends bien. Je suis content que la situation soit réglée. Je pense que maintenant les politiciens allemands doivent réfléchir sur les moyens d’améliorer les relations avec la Russie. En gros, les sorties de prison me rendent toujours content. Alors je serai vraiment heureux si les relations russo-allemandes s’améliorent.
Quoi qu’il en soit, la libération de Khodorkovski est un signe pour l’Occident. Comment vous pourriez l’interpréter, comment l’Occident va l’interpréter ?
Le signal n’est pas ambigu. Une amnistie a été adoptée et Khodorkovski n’était pas seul à être libéré. Maintenant, Khodorkovski est dans l’avion et je vais le saluer de bon cœur dès son arrivée en Allemagne. La Russie a envoyé des signaux, elle l’a fait de façon consciente, tout en assumant la responsabilité. Je voudrais que l’Europe comprenne ces signaux invisibles et inaudibles.
Selon vous, qu’est-ce que Khodorkovski va entreprendre en Allemange, aura-t-il envie de rencontrer les hommes politiques du pays ?
Je ne sais pas. Je n’ai aucune idée. S’il a envie de rencontrer des hommes politiques allemands, de leur parler, moi par exemple, je suis prêt à le faire. Pour moi, cela ne pose aucun problème. Mais franchement, je ne sais pas.
Si vous rencontrez Khodorkovski, qu’est-ce que vous allez lui demander ?
Evidemment, je vais lui poser des questions sur la fin du gouvernement d’Eltsine pour savoir comment certaines personnes sont devenues milliardaires. Plus loin : j’aimerais bien savoir si la puissance économique a été utilisée en Russie pour arriver au pouvoir et si oui de quelle manière. Khodorkovski pourrait également nous donner quelques conseils et nous renseigner sur les moyens de rétablir relations russo-allemandes qui ont toujours été bonnes. J’ai remarqué un paradoxe. Quand nos deux pays ont de bonnes relations, l’Europe connaît une période de stabilité et de paix. Et vice-versa : dès que la coopération dégrade, entrent en scène des facteurs déstabilisateurs. Bien entendu, je lui poserai des questions sur sa vie en prison, sur sa nouvelle expérience.
La dernière question que je voudrais vous poser M. Gehrcke : est-ce que la libération de Khodorkovski va influencer les négociations dans le cadre du sommer EU-Russie prévue à la fin de janvier 2014 ?
Je pense qu’elle aura un impact positif sur les négociations. J’ai suivi avec anxiété le regain d’intérêt pour la Russie. Ainsi, j’ai condamné les discours sur la dictature de Poutine. Je ne comprenais pas pourquoi il fallait entraver la coopération. En ce qui concerne l’Ukraine, j’ai toujours partagé le point de vue russe. Il faut être myope pour ne pas comprendre à quel point sont forts les liens historiques entre la Russie et l’Ukraine. Je crois que nous devons construire une sorte de pont pour nous relier à la Russie et c’est l’Ukraine qui pourrait servir de ce pont. Au lieu d’élever des barrières, l’UE devrait être plus raisonnable et avoir plus de volonté à coopérer, je l’espère. L’UE ne représente pas toute l’Europe. La Russie en constitue également une partie importante.