Depuis la crise financière, l'Europe tente de finaliser sa plus grande réforme jusqu'à présent : une agence et un fonds pour financer et fermer les banques en difficulté, dès lors que la Banque centrale européenne (BCE) commencera à les surveiller l'année prochaine.
Jeudi matin les ministres des finances de l'ensemble du bloc ont scellé un large accord sur ce dernier élément de l'union bancaire. Une fois que les dirigeants européens l'auront signé, les touches finales seront réalisées lors des négociations avec le Parlement européen l'année prochaine.
L'objectif du projet est de prévenir une répétition de la crise comme lorsque les banques des pays en difficulté, tels que l'Irlande et Chypre, ont amené leurs Etats au bord de la faillite.
En mettant en place un système d'obturation des prêteurs en difficulté, l'UE donnera à la BCE les moyens de traiter les banques chancelantes.
Il impose alors à la BCE de commencer la procédure en déclarant une banque comme trop faible pour survivre. Ce qui suit, cependant, implique l'entrée d'un nouvel organisme habilité à fermer les banques de la Commission européenne (CE) et de 18 pays de la zone euro différents.
Malgré les progrès, les éléments centraux de l'union bancaire sont toujours absents. D'une part, l'Allemagne continue à rester ferme contre l'utilisation de l'argent de la zone euro pour soutenir un régime de lutte contre les banques en difficulté. Le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble, a fait clairement comprendre que l'argent du fonds de sauvetage de la zone euro, les 500 milliards d'euros du Mécanisme européen de stabilité (MES), ne serait pas directement disponible pour la remise en ordre des banques perturbatrices.
Au lieu de cela, un gouvernement qui a du mal à payer pour une banque défaillante devra demander un plan de sauvetage au MES, une étape humiliante liées à des conditions strictes.
Cela porte un coup dur à un principe central de l'union bancaire tel qu'il a été conçu à l'origine : les gouvernements faibles ne doivent pas être seuls à s'occuper des banques dont les problèmes étranglent un pays.
Le ministre des finances français, Pierre Moscovici, est l'un des nombreux ministres qui nourrissent encore l'espoir que l'Allemagne fasse de nouvelles concessions au cours des négociations des prochaines semaines. M. Schäuble a toutefois souligné que les nouvelles règles imposant des pertes en premier lieu aux investisseurs d'une banque défaillante et à ses créanciers réduisaient la nécessité pour les gouvernements d'intervenir. Jeroen Dijsselbloem, le ministre des finances néerlandais, qui préside également les réunions des ministres des finances de la zone euro, a déclaré que ce nouvel ordre avait dépassé la nécessité de tout filet de sécurité commune, rapporte Reuters.
L'achèvement de l'union bancaire est au cœur des préoccupations pour garder l'euro dans le coffre-fort au long terme.
L'euro n'a pas les rouages d'une union monétaire comme les Etats-Unis, où il y a un ministère et des organismes de réglementation de la finance centrale aux côtés de la Banque centrale. Pourtant, l'union bancaire de l'Europe avait promis d'aider à changer cela.