La Chine serait-elle prête à créer une deuxième zone d’identification de la défense antimissile ?

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Lors de sa visite aux Philippines, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a fait une déclaration selon laquelle les Américains s’attendaient à la création par la Chine d’une zone aérienne d’identification (ZAI) au-dessus de la mer de Chine Méridionale.

La République populaire de Chine a en effet créé cette zone, en y incluant les îles contestées Diaoyu. Cela a provoqué des tensions dans les relations avec le Japon. La création de cette nouvelle zone risque de provoquer des tensions qui pourraient faire oublier les problèmes territoriaux en mer de Chine orientale.

La création d’une zone d'identification de défense antimissile en mer de Chine du Sud est plus importante pour la Chine que la création d’une zone semblable en mer de Chine orientale. Car c’est en mer de Chine Méridionale que la RPC protège davantage ses intérêts stratégiques. Une base pour les sous-marins nucléaires et un nouveau centre spatial sont construits par le pays dans cette zone. Cette décision provoque déjà une réaction de la flotte américaine, avec des affrontements par intermittence. Le rapprochement dangereux d’un croiseur de la marine américaine Cowpens, qui espionnait le porte-avions chinois Liaoning le 5 décembre dernier en est la confirmation.

La Chine a déjà exprimé à plusieurs fois son inquiétude suite à l’activité de navires et d'avions de reconnaissance américains le long des frontières de la RPC. L’annonce sur la création d’une nouvelle zone aérienne de reconnaissance serait donc un obstacle de plus pour la reconnaissance américaine. Et l’épisode semblable à celui de la collision entre l’avion de reconnaissance américain EP-3 et un avion de chasse chinois en 2001, pourrait bien se répéter.

Une autre évolution du scénario, beaucoup plus dangereuse, pourrait impliquer les Philippines, alliés des Etats-Unis dans la région. Manille est en train de mener une politique étrangère agressive à l’égard de la RPC. Cependant, contrairement au Japon, un autre partenaire militaire des Etats-Unis, les Philippines ne possèdent pas la capacité militaire significative pour faire face aux forces militaires de la RPC. Les capacités des Philippines en ce qui concerne la défense antimissile et la lutte pour la suprématie aérienne sont pratiquement nulles.

Les derniers chasseurs de l’armée de l’air des Philippines (des F-5 américains) ont été retirés de l’armement en 2005. Actuellement, le pays a à sa disposition uniquement des avions de formation au combat italiens S-211. Mais ces appareils sont obsolètes, pouvant être équipés uniquement des missiles air-air à courte portée.

Le reste de l’armée de l'air des Philippines se compose d’avions et d’hélicoptères de reconnaissance et de transport de générations précédentes. Ces appareils peuvent être efficaces dans des opérations contre les insurgés et les terroristes, mais ils ne sont pas capables d’assurer une bonne protection en cas d’affrontement avec des forces armées d’un autre Etat.

Les Philippines n'ont pas les moyens militaires, capables de menacer, ou même nuire de manière quelconque à l'armée de l’air chinoise et des forces navales dans la région. Les Philippines ont une capacité douteuse de repérer de manière adéquate les mouvements et les actions de l’ennemi dans les mers environnantes.

Après l'annonce par la Chine de la création d’une zone de défense aérienne en mer de Chine orientale, le Japon et les Etats-Unis ont dirigé ostensiblement vers cette zone leurs avions de combat sans aucun consentement des militaires chinois pour montrer qu'ils ne reconnaissent pas les droits de contrôle de la RPC sur cette zone. La Chine se limitait à la surveillance de la situation, envoyant dans certains cas ses avions vers la zone. Cependant, face aux Philippines, la réaction chinoise pourrait être plus sévère. La Chine est tout à fait capable de chasser les avions philippins depuis la zone contestée et de créer de sérieux obstacles à leurs activités au-dessus de la mer de Chine Méridionale. Cela pourrait provoquer une escalade des tensions qui feront oublier le conflit autour des îles Diaoyu en mer de Chine Orientale.    N

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