Moscou a prévenu depuis longtemps que la victoire de l’opposition ferait de la Syrie un foyer d’islamisme radical. A présent des politiques occidentaux commencent à le reconnaître ouvertement. Et il sont même fait connaître leur nouvelle évaluation des événements en Syrie aux rebelles.
Bachar al-Assad doit partir. Tout récemment encore les politiques occidentaux s’en tenaient précisément à cette thèse. Ainsi, le secrétaire d’Etat américain John Kerry déclarait encore récemment que quelque que soit le succès du processus de destruction des arsenaux chimiques syriens, M. Assad devrait quitter son poste. « Il a perdu sa légitimité », affirmait M. Kerry. Or la situation a considérablement changé. A la récente rencontre des « Amis de la Syrie » à Londres les pays occidentaux ont déclaré qu’ils ne considéraient plus le départ de M. Assad comme un résultat souhaité et n’étaient pas opposés à sa participation aux futures présidentielles. Les raisons de ce revirement des politiques occidentaux sont commentées par Sergueï Demidenko, expert à l’Institut des évaluations stratégiques et de l’analyse :
« A présent il est devenu évident pour tous que Bachar al-Assad est soutenu par la majorité de la population, que l’opposition est composée principalement d’islamistes radicaux (ce qui fait surtout peur à l’Occident), qu’en fait l’opposition laïque est inconsistante et est incapable d’assumer le pouvoir au cas où le régime de M. Assad s’écroulerait et de résister aux islamistes. L’ensemble de ces données a engendré ce point de vue. Il circulait en fait depuis longtemps dans les milieux diplomatiques et politiques d’Occident. Il devient maintenant officiel. »
Il est significatif que l’ex-chef de la CIA Michael Hayden se soit exprimé récemment dans le même sens. Intervenant à Washington lors d’une conférence sur les problèmes du terrorisme, il a jugé que la victoire définitive de M. Assad sur l’opposition était le meilleur scénario pour la Syrie et pour la région. Si celui-ci ne parvient pas à prendre le dessus, un conflit religieux durable ou même le démembrement attend le pays.
Les changements survenus dans le camp des sponsors des rebelles syriens ont également influé sur l’opinion des leaders occidentaux. Après le changement d’émir, le Qatar a commencé à manifester moins d’intérêt au soutien des groupes armés faisant la guerre en Syrie.
La conférence Genève 2 doit avoir lieu fin janvier. Il y sera question de la répartition des rôles dans le gouvernement de transition en Syrie. Le changement de position des leaders occidentaux au sujet de l’avenir politique de M. Assad les aidera à élaborer au cours de cette rencontre une approche, qui arrangera aussi les diplomates russes. T