Les leaders de l’opposition ont réuni sous leur bannière un peu plus de 50 000 et non pas un million de manifestants comme ils le promettaient. C’était donc un coup raté et l’opposition commence probablement à s’essouffler en l’absence des politiques européens qui se succèdent ces derniers temps sur la place de l’Indépendance. Il suffit de mentionner le ministre allemand des AE Guido Westerwelle, ses homologues suédois et polonais et l’ex-président géorgien Mikhaïl Saakachvili. Ils semblent avoir oublié le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat souverain qui est la base de la démocratie et poussent la « troïka » de l’opposition ukrainienne (Iatseniouk-Klitchko-Tiagnibok) à aller jusqu’au bout. Ces derniers appellent à leur tour les manifestants à bloquer le quartier gouvernemental et l’administration présidentielle. Le premier ministre ukrainien Nikolaï Azarov a plus d’une fois offert à l’opposition d’engager un dialogue constructif. En effet, le retour à la vie normale suppose le fonctionnement des administrations. Or, l’opposition refuse tout dialogue et exhorte ses partisans à paralyser le cœur de la capitale de l’Ukraine.
Les membres de l’opposition et les politiques européens ont des objectifs divergents. Si les premiers aspirent au pouvoir, les seconds veulent s’implanter sur le marché ukrainien jusqu’ici hors d’atteinte. Ce sont les simples Ukrainiens qui souffrent en fin de compte. Ils restent encore sur la place de l’Indépendance, mais ont déjà oublié pour quelle raison ils sont là. Après tout, même le nom d’Euro-maïdan n’est plus de mise, estime Viktor Medvedtchouk, leader du mouvement « Choix ukrainien » :
« Les événements auxquels nous assistons aujourd’hui n’ont rien à voir avec l’intégration européenne refusée par le pouvoir. Les gens qui se sont rassemblés sur le Maïdan protestaient initialement contre la volte-face du pouvoir en ce qui concerne le signature de l’Accord d’association et du Traité sur la zone de libre échange. Puis tout a changé après la dispersion musclée des manifestants par la police dans la nuit du 29 au 30 novembre, mais on a oublié de changer le nom. En fait, ce qui se passe aujourd’hui n’est plus du tout en lien avec la décision ukrainienne de suspendre la signature de l’Accord d’association. »
Washington ne pouvait pas rester à l’écart des événements de Kiev. Les États-Unis ont décidé d’attiser les sentiments révolutionnaires dans la capitale ukrainienne en promettant de faire de leur mieux pour l’abrogation des visas entre l’Ukraine et l’UE. T
