Grand Paris et Nouveau Moscou : deux projets, un but commun

© REUTERS / Maxim ZmeyevPeople walk in Red Square, with St. Basil's Cathedral seen in the background, in central Moscow February 6, 2015
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En janvier 2013 les autorités de Moscou ont annoncé un concours international pour le meilleur projet de développement de l’agglomération moscovite, cela dans le cadre du projet d’élargissement de la capitale russe lancé en 2011. La victoire dans deux catégories ont remporté les Français, Antoine Grumbach et Jean-Michel Wilmotte.

Maintenant c’est à l’aide de l’équipe internationale, les Français à la tête, que Moscou change son apparence. Le projet du Grand Paris initié plus tôt que celui de Moscou, sert désormais d’exemple pour ceux qui repensent la capitale russe. Le poste de conseiller auprès du maire adjoint de Moscou Marat Khousnoulline pour le projet du Nouveau Moscou occupe depuis presque un an déjà l’ancien ministre chargé du Grand Paris Maurice Leroy. M. Leroy est convaincu que par le temps qui court toutes les mégapoles subissent les mêmes épreuves et dans ce contexte l’expérience de telle ou telle grande ville devient indispensable aux autres mégalopoles du monde. C’est pour cette raison que Moscou organise pour la 3e fois déjà le Forum urbanistique international. Lors de ce forum Maurice Leroy a évoqué l’objectif commun des deux projets, Grand Paris et Nouveau Moscou.

Maurice Leroy: Grand Paris et Grand Moscou sont deux projets d’aménagement urbain qui conjuguent la réflexion d’architectes internationaux de renom avec celle des urbanistes, des ingénieurs, des intellectuels et des financiers. Inédite dans l’histoire, la vision du Grand Paris comme celle du Grand Moscou ne pose aucune approche et repose sur les synergies de toutes les fonctionnalités de la ville. On ne peut pas négliger la banlieue et on ne peut pas faire table rase, il faut savoir conjuguer les deux. Ni cités idéales faisant table rase de la réalité, ni exclusion de l’approche artistique dans la constitution de la ville de demain, le Grand Paris et le Grand Moscou ont en commun de mettre en œuvre un projet métropolitain qui place le point de vue de l’homme au centre de la réflexion. Résoudre les difficultés de la vie quotidienne et notamment les liaisons domicile-travail, recoudre la ville en désenclavant les quartiers mal desservis pour faire de l’urbanité un maillon essentiel de la citoyenneté et du lien social, voilà qui nous rassemble qu’on soit à Mexico, à Tokyo, à Moscou ou à Paris. Connecter la métropole au monde, la rendre attractive et plus efficace dans son fonctionnement en liant territoires d’excellence entre eux à fin de chercher à favoriser le progrès. Voici les grandes ambitions portées par le président de la République française Nicolas Sarkozy qui a initié le Grand Paris. A cela s’ajoute la dimension durable de la ville du 21e siècle avec l’objectif de bâtir une métropole post-Kyoto à la fois écologique et soutenable. C’est le même objectif qui soutint le projet du Grand Moscou.

Le Grand Paris fut d’abord une promesse qui prit corps grâce aux travaux des architectes, des urbanistes et des ingénieurs. Ce projet fut ensuite, une fois confronté à la réalité, un lieu de débats au sein duquel les échanges ont parfois été vifs entre les acteurs, notamment entre l’Etat et la région de l’Île-de-France. Parfois il faut que l’impulsion vienne du haut et qu’elle se confronte aux réalités locales. C’est donc l’obsession de l’intérêt général qui prédominait à chaque fois que j’ai eu des décisions à prendre comme ministre en charge du Grand Paris. Et c’est tout le sens de l’accord historique que j’ai signé le 26 janvier 2011au nom de l’Etat français avec la région Île-de-France. Et là nous avons un projet de futur métro automatique de 200 km avec 72 nouvelles gares, en gros cela correspond à faire un deuxième métro en périphérie de Paris. Ce projet est devenu irréversible dans sa conception et il transcende l’alternance politique voulu par les Français en mai 2012 puisque le nouveau président de la République François Hollande a confirmé officiellement le 6 mars 2013 le Grand Paris Expresse. Je m’en réjouis parce que quand on parle des projets, le temps des projets ne correspond jamais ni au temps médiatique, ni au temps électoral. Souvent c’est le drame pour les architectes, les ingénieurs, les techniciens. Il faut dépasser ce temps électoral, ce temps médiatique, c’est du temps long. Mais le Grand Paris transcende des clivages. C’est donc le premier chapitre d’une longue histoire qui fera une large place au développement économique, à l’emploi, au lien social, à la cohésion sociale et à l’urbanité belle et durable. Tous les acteurs français sont aujourd’hui unanimes autour de la vision d’un Grand Paris, source d’authenticité, de beauté, de justice et de grandeur. L’authenticité est l’idée d’une métropole-source de savoir, de science et d’identité. La beauté parce que la civilisation commence quand la politique et l’esthétique se lie l’une à l’autre. La justice avec la ville qui est exclue où le Grand Paris soit un vecteur d’union, de brassage des conditions sociales comme de métissage des pensées et des cultures. La grandeur — pour que Paris comme Moscou confortent leur place de villes-monde, attractives et désirées. Grand Paris, Grand Moscou sont des projets emblématiques de bien de défis de la modernité qui doivent être relevés comme doivent le faire tous les responsables politiques sur tous les continents. Chacun comprend que la mégalopole pour compter et peser dans la mondialisation doit atteindre une taille critique mais cette taille gigantesque en contrepartie ce sont les risques de nuisance qui peuvent ruiner ses chances et affaiblir ses qualités. La thrombose des transports que ce soit à Tokyo, à Moscou ou à Paris, la pollution, l’insécurité, la saleté, l’inhumanité c’est, en fait, le revers de la médaille de la mégalopole. Il faut de l’utopie, il faut du rêve pour construire la ville de demain. Ce rêve de la ville harmonieuse est aussi celle de tous les politiques, de tous les architectes et de tous les habitants qu’ils vivent à Moscou, à Paris… Ces deux projets en cours sont chacun avec leurs spécificités propres à leur identité, leur histoire, leur culture une promesse qui fait de tous ses acteurs des pionniers, des visionnaires engagés pour bâtir un avenir meilleur. Croyez-moi, par le temps qui court on a besoin, face à la crise, de cette utopie et de ce rêve.

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