Nelson Mandela, combattant légendaire contre l'apartheid et premier président noir de l'Afrique du Sud, est décédé dans sa résidence à Johannesburg à l'âge de 95 ans, écrit vendredi le quotidien Rossiïskaïa gazeta.
Le héros national des Sud-africains avait quitté la politique depuis une dizaine d'années pour s’installer dans son village natal de Qunu, où il disait avoir vécu une enfance heureuse - il était né le 18 juillet 1918 dans la famille du chef de la tribu Thembu. Selon la tradition de l'époque, son institutrice lui avait donné un nom anglais, Nelson. C'est avec ce nom qu'il marquera l'histoire.
En 1939, le jeune homme intègre Fort Hare, seule université du pays où la population noire avait le droit d'étudier. En fin de première année il participe déjà à un boycott d'étudiants contre la politique de l'université et décide de la quitter en refusant de passer un accord avec la direction. C'est à cette époque que sa famille décide de marier Mandela, qui fuit à Johannesburg.
L'année 1944 est décisive dans le destin de Mandela : il intègre le Congrès national africain (ANC) et participe à la création de la Ligue de jeunesse qui adopte une position intransigeante à l'égard du régime. 17 ans plus tard, il choisit définitivement la lutte armée. Le futur lauréat du prix Nobel crée alors l’aile armée de l'ANC - Umkhonto we Sizwe (Fer de lance de la nation) - et prépare les plans d’une guérilla qui prendra toute son ampleur dans les années 1980.
Jusqu'en 2008, Mandela était interdit de séjour aux Etats-Unis sans autorisation spéciale du département d'Etat car Washington considérait encore l'ANC comme une organisation terroriste. Et on estime que c'est la CIA qui a participé à l’arrestation de Nelson Mandela le 5 août 1962.
Son heure de gloire a sonné un an plus tard. Ce détenu dont le nom était déjà très connu a prononcé un discours enflammé à la Cour suprême de Pretoria : "Toute ma vie je me suis consacré à la lutte pour le peuple africain. J'ai combattu contre la domination blanche et j'ai combattu contre la domination noire. J'ai chéri l'idéal d'une société libre et démocratique dans laquelle toutes les personnes vivraient ensemble en harmonie et avec les mêmes opportunités. C'est un idéal pour lequel j'espère vivre et agir. Mais, si besoin est, c'est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir".
Condamné à la perpétuité, il a purgé 18 ans de sa peine – sur 27 - à Robben Island, une île située au large du cap de Bonne-Espérance. A cette époque Mandela atteint la gloire. Le slogan "Free Nelson Mandela" fait le tour de la planète.
Le combattant contre l'apartheid est remis en liberté le 11 février 1990, à l'âge de 71 ans. Ce n'était que le début de son ascension. Commencent alors de longues négociations avec les autorités du pays, alors au bord de la guerre civile. Le conflit a pu être empêché grâce aux efforts de Mandela et du président Willem de Klerk, leur valant une reconnaissance internationale et le prix Nobel de la paix en 1993. En 1994, Mandela devient président de l'Afrique du Sud et surtout, son premier président noir.
A ce poste il s’est montré créateur et réformateur. Cinq ans plus tard il transmettra le pouvoir à son successeur.
"Il ne faut pas faire de moi une sorte de demi-dieu, je voudrais qu'on se souvienne de moi comme d'un homme ordinaire avec ses faiblesses", disait-il. Il a connu toutes les péripéties de la vie en ayant survécu à l'enfer de la prison, où il a passé presque trente ans, et à la tentation du pouvoir. Ce clandestin à l'étiquette de terroriste et lauréat du prix Nobel de la paix a marqué l'histoire comme un politicien controversé et intransigeant.
