Le grand comédien Yakovlev n’est plus

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Iouri Yakovlev, ce grand comédien aimé de tous qui jouait avec brio au théâtre et au cinéma, et qui portait de plein droit le titre d’artiste du peuple de l’URSS, est décédé à l’âge de 85 ans.

J’aime la vie dans toutes ses manifestations, se plaisait à répéter Iouri Yakovlev. Son amour de la vie pouvait être comparé à une fontaine de jouvence. La rumeur courait à un moment donné selon laquelle Yakovlev fréquentait un certain club d’abstinence à la mort. Il répondait généralement à ces inventions : « Qui doit-on être pour s’abstenir de la mort? Sûrement quelqu’un privé de sens de l’humour ». L’acteur montait pratiquement jusqu’à la fin de ses jours sur la scène du théâtre Vakhtangov de Moscou si cher à son cœur et où il avait joué pendant plus de 60 ans. Son nom à l’affiche garantissait invariablement le succès du spectacle qui se jouait à guichets fermés. C’était plus particulièrement le cas du spectacle légendaire « Princesse Turandot » à l’affiche depuis des décennies et dans lequel Yakouvlev interprétait génialement le rôle du bouffon Pantalone. Ces dernières années, il montait sur les planches dans le spectacle « Le débarcadère » et aurait dû jouer d'ici quelques jours, le 3 décembre. Hélas, on ne le reverra plus jamais, dit le directeur du théâtre Rimas Tuminas en surmontant sa douleur :

« J’attendais tellement de le voir jouer le 3 et le 4 dans ce spectacle. J’étais sûr qu’il allait se rétablir et qu’on se retrouverait à cette occasion. Je espérais qu'il vienne parce que je savais à quel point il aimait ce spectacle et appréciait les rencontres avec le théâtre, la scène et le public qui devenaient de plus en plus courtes et espacées ces dernières années et ces derniers mois. Sa santé était défaillante au point qu’il a manqué deux derniers spectacles. Nous espérions pourtant qu’il reviendrait. Il était las, las de porter la vie.

 

Photo : kino-teatr.ru

Iouri Yakovlev a joué 70 rôles au théâtre Vakhtangov et autant au cinéma. C’est le cinéma qui lui a valu l’immense amour du peuple. Son premier rôle était celui du prince Mychkine dans l’adaptation du roman Idiot de Dostoïevski. A suivi en 1958 le rôle du lieutenant Rjevski, ce joueur invétéré et hussard intrépide passé dans d’innombrables histoires drôles que Yakovel a joué dans le film La Ballade des hussards. Iouri Yakovlev excellait dans tous les rôles sans exception aucune. Les réalisateurs disaient de lui que c’était un acteur inédit et lui confiaient volontiers les rôles principaux. Il a joué avec brio dans les adaptations des oeuvres classiques russes et étrangères et était tour à tout Stiva Oblonski dans le film Anna Karénine et sir Cheeltern dans la version cinématographique du Mari idéal d’Oscar Wild. Fin psychologue, il excellait même dans les drames assez médiocres comme Nous les soussignés. Son talent d’acteur comique a été révélé dans les films Ivan Vasiliévitch change de profession et Kin-dza-dga réalisés par les grands comédiographes Léonid Gaïdaï et Georgi Danelia qui ne cache pas la douleur qui lui cause le décès de son acteur préféré :

« Un homme remarquable, un grand acteur et un vrai intellectuel. Quand j’entends prononcer le mot « intellectuel » j’imagine tout de suite Yakovlev parce que la bonté et la gentillesse si propres à Yakovlev sont justement les traits d’un intellectuel. »

Yakovlev a joué dans bien des rôles de tout premier plan dans les films des plus grand réalisateurs, mais sa véritable consécration a été consommée après la sortie à l’écran du film de Riazanov Ironie du sort ou le bain à vapeur. Dans ce film culte, il a joué le rôle d’Ippolyte, le fiancé rejetée de l’héroïne du film. Chacune de ses phrases est pasée dans les proverbes, pour ne citer que « Quelle saleté que votre poisson en gelée! ». Yakovlev avait plus d’une corde à son arc mais personne ne pouvait résister à son charme encore accentué par sa voix aux inflexions « musicales » et toujours reconnaissable grâce à son intonation particulière pleine de gentillesse. Sa voix donnait au film une dimension artistique supplémentaire même s’il ne faisait qu’une « voix off ».

Yakovlev n’avait pas à se plaindre comme acteur. Mais qu’est-ce qu’il appréciait le plus dans cette vie accompagnée d’applaudissements? Curieusement, c’était le silence. Le grand acteur a dit dans une de ses dernières interviews : « Chaque fois que je monte sur la scène, il se fait un grand silence dans la salle ! J’apprécie le plus ces minutes de silence quasi religieux »...   N

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