Dayton en 1995 : « Le tremplin bosniaque de Bill Clinton » (Partie 4)

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Le 21 novembre 1995, le président serbe Slobodan Milosevic, le président du présidium de la Bosnie-Herzégovine Alija Izetbegovic, et le président croate Franjo Tudjman, se sont enfin réunis pour des pourparlers. Lors de la cérémonie de signature de l'accord-cadre, le secrétaire d'Etat américain Warren Christopher a remercié les trois dirigeants pour leur travail acharné et efficace, soulignant qu’il permettra aux citoyens de Bosnie-Herzégovine de célébrer le Nouvel an pour la première fois depuis quatre ans. La paix dans les Balkans est devenue une réalité.

C’est à Paris que le point final a été mis le 14 décembre 1995. A Dayton, on a identifié les principaux paramètres : la Bosnie restera un Etat uni​​, divisé en deux parties, la Fédération croate musulmane et la république Serbe avec le gouvernement central, un parlement et un président.

Les Américains étaient empressés à obtenir des résultats à tout prix. Lorsque les négociations arrivèrent à nouveau à une impasse, Bill Clinton décida d'intervenir. Sa conversation téléphonique avec le président croate Franjo Tudjman fut apparemment décisive.

Sur le plan géographique, le différend sur le corridor de Posavina et sa largeur, fut cependant reporté. La délégation des Serbes de Bosnie, qui remit ses pouvoirs à Slobodan Milosevic, désavoua ensuite sa signature. Momcilo Krajisnik - le président du Parlement de la république Serbe, a dit à l'époque aux journalistes : « Nous ne sommes pas d’accord avec les documents de Dayton, car ils ne correspondent pas à nos intérêts nationaux. Dans un discours télévisé depuis Dayton, Milosevic a déclaré sans équivoque que la guerre était finie, et que les frontières entre la Fédération croato-musulmane et la République de Serbie étaient désormais définies. On peut donc clarifier les questions territoriales ».

Après Dayton, le président de Bosnie-Herzégovine Alija Izetbegovic a rencontré à Sarajevo ses idoles et les supporters de son « Parti de l'action démocratique ». Izetbegovic, déjà âgé, parlait avec beaucoup d’émotion, expliquant que l’OTAN allait assurer la paix dans la région et que l’économie serait reconstruite grâce aux milliards de prêts. La communauté internationale a promis cinq milliards de dollars pour une période de deux ans. Cependant, un nouvel ultimatum d’Izetbegovic a sonné à Sarajevo : « Nous attendons les résultats de Dayton d’ici à 2-3 mois. Si des problèmes surviennent, nous renierons nos signatures sur les documents. »

De nombreux experts disaient que la Bosnie aspirerait dans son tourbillon l'OTAN et l'UE pour des décennies. Les Américains ont tenté de convaincre le monde qu’ils arriveraient à rétablir l’ordre en Bosnie-Herzégovine pour un an ou deux, conjointement avec leurs alliés de l'OTAN. La Bosnie est devenue un tremplin électoral pour Bill Clinton. Ayant pu obtenir la paix et la tranquillité dans les Balkans, il espérait obtenir un nouveau mandat présidentiel.

Tout de suite après Dayton, des manifestations ont commencé dans la partie serbe de Sarajevo. Tout le monde savait que les Serbes ne voudraient pas vivre avec les musulmans. Le leader des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic déclarait alors à la BBC : « L'accord de Dayton pourrait transformer Sarajevo en une Beyrouth européenne. Nous voulons un statut séparé. »

Richard Holbrooke a fait immédiatement comprendre: ne faire aucune concession. Radovan Karadzic était toujours opposé à la présence de l'OTAN sur son territoire. Dans la même interview avec la BBC, il a déclaré : « Nous avons notre propre gouvernement et notre propre parlement. Et s'ils ne ratifient pas la décision d'envoyer des troupes de l'OTAN, ils n’ont rien à faire ici. »

Tout le monde se rendait compte que le problème de la coexistence des trois peuples (les musulmans, les Croates et les Serbes) en Bosnie, et en particulier à Sarajevo, était difficile et qu'il était difficile de le résoudre. En novembre 1995, le chef des catholiques de Bosnie-Herzégovine, le cardinal Pulic, s’est adressé à la télévision de Zagreb et a indiqué que les Croates subissaient également une certaine pression. Le cardinal a indiqué qu'il n'avait jamais eu l'occasion d'exprimer publiquement son opinion à la télévision de Sarajevo, où des personnes qui professent l'Islam expriment leur point de vue.

Le modèle de règlement pacifique de la situation à Sarajevo, développée sur la base aérienne de Wright-Peterson en novembre 1995 n’est pas acceptable. Chacune de ces nations a le droit d'exister.     N

(à suivre)

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