Le Pentagone et la CIA tentent d’empêcher l’installation du système de navigation satellite russe GLONASS sur le territoire américain, écrit lundi 18 novembre le quotidien Novye Izvestia citant le New York Times.
L'armée et les renseignements craignent que le Kremlin puisse utiliser ces stations à des fins militaires, notamment pour accroître la précision du guidage des missiles par satellite. De plus, les renseignements américains pensent que les stations GLONASS permettraient à Moscou d'espionner plus facilement les USA.
Les experts estiment que cette initiative des "chevaliers de cap et d'épée" américains vise simplement à empêcher la Russie d’arriver sur le marché mondial de la navigation par satellite. Mais en comparaison avec la menace transatlantique, il existe des risques bien plus graves pour GLONASS en raison de la corruption en Russie et de l'opposition des automobilistes.
Selon les hauts fonctionnaires russes, la nécessité actuelle de mettre en place des stations terrestres dans le cadre du programme GLONASS est due au déploiement plus tardif du système russe par rapport à son concurrent américain GPS, qui est presque deux fois plus précis pour déterminer les coordonnées.
Ce n’est pas négligeable : il s'agit ici du partage du marché mondial de la navigation par satellite qui, selon les experts, doublera d'ici la fin de la décennie pour atteindre 165 milliards d'euros. L'agence spatiale russe Roskosmos a donc décidé d'améliorer la précision des données spatiales depuis le sol.
Dans ce sens la Russie a commencé d’installer des stations terrestres à l'étranger. La première a été mise en place et fonctionne correctement en Antarctique à la station Bellingshausen.
Une autre a été installée au Brésil. Deux autres stations devraient être construites prochainement dans ce pays. D'ici quelques années des stations supplémentaires seront déployées à Cuba, au Vietnam et en Australie. Cependant, la décision de mettre en place une station aux USA a rencontré une certaine résistance.
"Les accusations d'espionnage sont un élément de lutte non concurrentiel pour un marché de dizaines de milliards d'euros disputé par les USA et la Russie, déclare Igor Korotchenko, directeur du Centre d'analyse du commerce mondial des armements. Les deux pays ont l'intention de promouvoir des services de navigation par satellite aux consommateurs, sachant que GLONASS représente une concurrence montante pour les Américains. Evidemment, personne n'interdira le GPS en Russie car cela entraînerait une baisse de la sécurité des transports et de l'efficacité des compagnies de transport. Mais les USA pourraient réduire la précision des coordonnées ou même débrancher les utilisateurs de GPS en Russie en cas de besoin."
Par ailleurs, le lancement du système GLONASS dans le civil ne se fait pas sans accroc.
Les conducteurs de taxis collectifs et de diverses compagnies de transport, qui installent des émetteurs GPS/GLONASS sous la pression des autorités et à la recherche du profit (le contrôle spatial de la circulation des moyens de transports permet de faire d'importantes économies sur le carburant, la logistique et permet à la direction d'une compagnie de suivre ses conducteurs en temps réel), sont opposés à cette innovation. Alexandre Smirnov, responsable du département des ventes d'une compagnie intégrant le GLONASS, explique que les conducteurs ont trouvé trois moyens pour lutter contre les navigateurs – les casser avec une masse, ouvrir le sceau ou acheter des brouilleurs chinois.