Pourquoi les chances de l'accord d'association Ukraine-UE s'amenuisent

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Les tensions autour de la perspective de rapprochement entre Kiev et l’UE ne cessent de s'accentuer. L’opposition ukrainienne menace de lancer une vigoureuse campagne de protestations si les autorités renoncent au rapprochement avec l’Europe. Les experts estiment cependant dans leur majorité que l’accord d’association ne se fera pas lors du sommet de Vilnijus, fin novembre. Mais cela ne signifie pas pour autant que l’Ukraine se rapprochera de l’Union douanière en substitution de l’UE.

« Ianoukovitch et le parti des régions nous privent de notre avenir. Il faut descendre en masse dans la rue pour les en empêcher », appelle l’ex-ministre ukrainien de l’intérieur Iouri Loutsenko sur sa page Facebook. Le politicien a fait savoir qu’une action de protestation était programmée pour le 24 novembre et qu’il en avait fixé les détails avec les leaders de l’opposition Arsène Yatséniuouk, Vitali Klitchko et Oleg Tiagnibog. Cette déclaration intervient après l’échec des tentatives de faire passer une loi qui permettrait à Ioulia Timochenko d’aller se faire soigner en Allemagne. Bruxelles avait fait de sa libération une des conditions de signature de l’accord d’association entre l’Ukraine et l’UE au sommet du Partenariat oriental qui doit se tenir à la fin du mois. Pourtant, personne ne croit plus que cette signature aura lieu. Le commentaire de Timophéï Bordatchev, directeur du Centre d’études européennes et internationales du Haut collège d’économie :

« La probabilité que l’UE remettra à plus tard la signature de l’accord d’association, est actuellement supérieure à 50 % parce que l’UE s’est sentie dans la peau du gagnant après le conflit qui a éclaté en août-septembre entre la Russie et l’Ukraine. En effet, l’UE est trop sûre que l’Ukraine ne s'est ménagée aucune retraite. C’est pour cette raison que les Européens ont fait un véritable forcing politique en faveur du relâchement de Ioulia Timochenko. Il se peut cependant qu’ils soient obligés d’aller jusqu’au bout en renonçant à la signature de l’accord d’association. »

Le report de la décision d’association avec l’UE répond par ailleurs aux intérêts de nombreux Ukrainiens. C’est ainsi que plus tôt dans la semaine, un groupe d’entrepreneurs ukrainiens a demandé à Viktor Ianoukovitch de remettre la signature du document à au moins dans un an. Cette demande a été formulée par l’homme d’affaires Valentin Landik. Selon lui, l’accord d’association avec l’UE limitera les exportations vers les pays de l’Union douanière et rendra les produits ukrainiens non compétitifs. Il a été soutenu plus tard par le premier ministre Nikolaï Azarov :

« Je veux que vous sachiez tous que personne ne nous dédommagera de la perte de ce marché. Or, nous ne pouvons pas tolérer que nos entreprises ferment et que les gens perdent leurs emplois. La baisse des revenus de nos citoyens entraîne l’Ukraine dans un cercle vicieux parce que la baisse des revenus, c’est aussi la baisse de la demande. C’est un coup porté à l’économie ukrainienne et cette question n’est pas de celle que l’on peut remettre à un temps meilleur. »

Moscou a plus d’une fois prévenu l’Ukraine que ses produits ne pourraient plus bénéficier du régime de faveur en termes d’accès au marché russe si celle-ci se rapprochait avec l’UE. Kiev se rend parfaitement compte que cela risque de tourner en un collapsus économique et de provoquer des bouleversements sociaux. Dans le même temps, l’adhésion au projet d’intégration eurasien serait très profitable pour son économie nationale. Mais nonobstant cela, Kiev n’est pas prêt à la cautionner, estime Léonid Goussev, expert de l’Institut d’études internationales :

« Des accords ponctuels seront signés et ont déjà été signés. L’Ukraine a toujours déclaré qu’elle était prête à coopérer selon la formule 3+1 : trois pays de l’Union douanière plus l'Ukraine. Kiev accepterait aussi de devenir l’observateur ou le membre associé de l’Union douanière. Mais mettons les choses au clair : si les Ukrainiens font ce genre de déclaration, c’est dans le but de garder une liberté de manœuvre. Par conséquent, ils resteront vraisemblablement en équilibre entre l’UE et la Russie. »

En ce qui concerne l’opposition, Grigori Trofimtchouk, vice-président du Centre de simulation de l’évolution stratégique, pense qu'elle tiendra de toute façon des actions de protestation mais que celles-ci ne déboucheront pas sur un nouveau Maïdan. D’autre part, tous les opposants ne souhaitent pas la libération de Ioulia Timochenko.

« Les leaders de l’opposition préfèrent la voir en prison plutôt qu’en liberté. C’est que les leaders en question, et notamment le candidat potentiel à la présidence Vitali Klitchko, ont une chance de se faire valoir aussi longtemps que Timochenko se trouve en prison. Par contre, si elle retrouve la liberté, l’opposition devra revoir tout son programme parce que Timochenko ne restera pas en marge du mouvement de protestation. »

Kiev a encore une chance de signer l’accord d’association avec l’UE avant la fin de l’année. Selon le porte-parole du Parlement européen Alexandre Kwasniewski, l'accord d'association pourrait se faire si la loi permettant de libérer Ioulia Timochenko est adoptée avant le 19 novembre, et  défaut, on devra passer l’éponge sur la question d’association pour au moins les deux prochaines années.   N

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