Le vicaire-général de Maroua Mokolo, le père Henri Djongyang a interrogé les témoins et peut décrire ce qui s’est passé cette nuit-là. Une quinzaine de personnes armées sont entrées dans le village et dirigées vers la maison des sœurs. Après avoir fouillé la maison et devant repartir les mains vides, les bandits sont allés vers la maison du père Georges se trouvant à une centaine de mètres. En entendant des voix inconnues et le bruit le père Georges n’a eu le temps que pour passer un coup de téléphone à l’ambassade française située à Yaoundé et à une gendarmerie locale. Les bandits ont fait irruption dans sa maison pour le conduire dehors, les pieds nus. En faisant beaucoup de bruits, ils ont quitté le village en moto et amené le père Georges avec eux. Les témoins affirment qu’ils parlaient en anglais et en haoussa, la langue de la population des Etats nord du Nigéria. Ils sont partis vers la frontière nigériane située à trente kilomètres du village. Le matin une valise vide qui aurait appartenue au père Georges, a été retrouvée sur un sentier...
Le président français François Hollande a déclaré jeudi lors d’une conférence de presse conjointe avec le prince Albert II de Monaco que les autorités françaises et camerounaises feraient tout pour retrouver et libérer au plus vite le père Georges Vandenbeusch. Le président a souligné que le prêtre pouvait ne pas être au courant de ce qu’il menait des activités religieuses dans une zone à risques. En effet, après le rapt fin février au nord du Cameroun d’une famille française – trois adultes et quatre enfants – par le groupe islamiste Boko Haram cette région a été déclarée zone dangereuse pour les Européens par le Quais d’Orsay. Après de difficiles négociations la famille française a été libéré en avril. Il faut par ailleurs noter qu’il y a un mois la libération de quatre otages détenus au Nigéria par les djihadistes proches d’Al-Qaïda pendant plus de deux ans, a coûté entre 20 et 25 millions d’euros. Les kidnappeurs peuvent bien gagner leur vie. Et voici qu’un autre Français est enlevé. Désormais il y a en tout huit otages français : quatre otages en Syrie, un otage au Nigéria et deux autres au Sahel. Il semblerait pourtant que le père Georges savait qu’il était éventuellement en danger mais qu’il a continué sa mission parmi presque dix mille chrétiens nigérians réfugiés au Cameroun. Pour l’instant on n’a pas de nouvelles du père Georges. On ignore qui l’a enlevé et combien coûtera sa libération, le cas échéant. Il y a cependant peu de doutes quant à l’identité des ravisseurs : il y a une forte probabilité que ce soit le secte islamiste Boko Haram dont les dirigeants sont déterminés à venger la France pour l’opération militaire menée au nord-Mali. Jean-Pierre Dozon de l’Ecole des études des sciences sociales joint au téléphone à Paris par notre correspondent Igor Yazon confirme cette hypothèse.