Un groupe d'Albanais soupçonnés de contacts avec Al-Qaïda a été arrêté au Kosovo, écrit jeudi 14 novembre le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
L'un d'eux, Genz Selimi, venait de rentrer de Syrie où il avait combattu aux côtés des jihadistes. Pendant son interrogatoire il a déclaré que l’organisation terroriste internationale avait de sérieux projets dans les Balkans et qu’elle ferait bientôt parler d’elle. Les experts militaires estiment que toutes les conditions sont réunies pour que ces menaces soient mises en œuvre.
D'après la police kosovare les individus appréhendés planifiaient une série d'attentats à Pristina, capitale de la république autoproclamée du Kosovo, et dans le nord de ce territoire. Un arsenal d'armes a été découvert pendant les perquisitions dont des fusils automatiques, des pistolets et des munitions.
L'arrestation a eu lieu après plusieurs mois d'écoutes téléphoniques, qui avaient permis de connaître les plans du groupe. Le fait que ces individus agissaient au sein d'une organisation ne soulève aucun doute : immédiatement après leur interpellation la police a reçu un courriel exigeant de les libérer sous peine d'attaques terroristes.
Depuis un an et demi ou deux, Al-Qaïda s’active particulièrement en Europe, bien qu'on connaisse depuis longtemps l'existence de cellules terroristes dans plusieurs pays du Vieux Continent. L'aggravation de la situation résulte probablement du Printemps arabe et de la transformation de l'organisation terroriste après l'élimination de son leader, Oussama Ben Laden, par les forces d'élite américaines en mai 2011.
Sans administration centrale, la structure se reformate en créant des unités régionales plus ou moins importantes. Jusqu'à récemment les intérêts d'Al-Qaïda étaient principalement situés au Moyen-Orient – en Afghanistan, au Yémen, en Irak, en Syrie, en Libye, au Mali, en Somalie, en Algérie et en Tunisie. La presse turque rapporte régulièrement que le Front al-Nosra, "filiale" d'Al-Qaïda en Syrie, recrute même des adolescents en Anatolie pour combattre au nord de la Syrie.
Les pays européens qui accueillent les réfugiés arabes servent aujourd’hui de refuge aux terroristes - mais pas de champ d'action. Au printemps et en été 2013 les pays européens ont reconnu qu'ils devenaient des fournisseurs d'extrémistes pour la guerre en Syrie et se sont montrés préoccupés par le retour des radicaux chez eux pour déployer le jihad, après avoir acquis de l'expérience au combat.
La NSA a annoncé en août 2013 qu'Al-Qaïda planifiait une série d'attentats en Europe. L'intention actuelle d'intensifier son activité dans les Balkans n'est donc pas un hasard.
Si les pays d'Europe occidentale n'arrivent pas à combattre le terrorisme en dépit de leur grande infrastructure antiterroriste, les nouveaux Etats européens ont encore plus de mal à résister à la montée du radicalisme.
"La Bosnie, plus exactement Sarajevo d'où est contrôlé le réseau des organisations salafistes dans la péninsule et qui bénéficie du soutien des pays arabes, est aujourd'hui le centre du salafisme dans les Balkans", déclare l'expert militaire Oleg Valetski. Selon lui, le Kosovo est un nouveau champ d'action pour les radicaux.
Les salafistes sont contrôlés depuis l'Arabie saoudite. Leurs actions dans les Balkans, en Syrie et en Libye sont très certainement coordonnées, selon les analystes. Des islamistes de Bosnie, de Serbie du Monténégro et du Kosovo participent notamment à la guerre en Syrie, ajoute Oleg Valetski.
L'extrémisme dans les Balkans est appuyé sur une forte base économique : la crise financière a entraîné un clivage flagrant entre les Albanais du Kosovo et les musulmans bosniaques.
Leur colère monte contre les élites locales qui ont profité de la crise grâce à la coopération avec la communauté internationale et les USA. Il existe aujourd’hui dans le pays des groupes incontrôlés par les services de sécurité, capables d'organiser des attentats avec un soutien extérieur.