La direction chinoise entend créer la nouvelle structure moyennant la fusion de deux puissants ministères, celui de la Sécurité d’Etat et de la Sécurité publique. Cette décision peut s’expliquer par l’aspiration de la haute hiérarchie du parti à prévenir l’agrandissement de l’élite politique rivale, considère Alexeï Maslov, en charge de la section de l’Orient à l’Ecole supérieure d’économie :
« Il y aura de nouvelles nominations et démissions, une purge du personnel. Des rumeurs font état d’accusation de nombreux hauts fonctionnaires du ministère de Sécurité d’Etat de fusionner avec des clans d’affaires et d’abandonner leurs devoirs principaux. On leur incrimine aussi de former trop rapidement une élite dans la hiérarchie du ministère. Cela peut engendrer le risque de leur prise de pouvoir dans le pays. »
D’autre part, juge l’expert, la création d’un nouveau service spécial à la place de deux ministères est le résultat de la politique appliquée par le secrétaire général du Comité central du Parti communiste de Chine, Xi Jinping, poursuit le spécialiste.
Il est clair qu’il s’agit d’une optimisation de l’appareil d’Etat. Et elle n’est pas fortuite. Elle fait partie des réformes appliquées activement en Chine sous la direction de Xi Jinping. Ces mesures ont vocation à discipliner les organisations de parti, à enrayer la corruption dans le parti et dans les grosses banques. La politique extérieure de la Chine devient plus active. Et comme résultat, on doit l’affermir par une nouvelle structure et une nouvelle logique de fonctionnement de la sécurité d’Etat en Chine.
La mise en place d’un Comité de Sécurité d’Etat permettra à la direction chinoise de renforcer ses positions politiques et d’augmenter l’efficacité des services secrets du pays, est persuadé Valéry Malevannyï, vice-président de l’Association des anciens agents de services spéciaux « Berkout ». La fusion des ministères va conduire à une compression de l’appareil bureaucratique, qui est souvent le principal frein dans les activités des services de sécurité, a mis en relief Valéry Malevannyï :
« Lorsque deux appareils fusionnent, le nombre de fonctionnaires devient deux fois moins important. Ensuite, il y aura un commandement unique. Ce sera une composante forte avec moins de fonctionnaires et avec un seul haut responsable. »
Par ailleurs, les experts ne sont pas enclins à voir dans le nouveau service spécial de Chine des menaces supplémentaires pour la Russie. Moscou et Pékin auront plutôt de nouvelles opportunités pour combattre ensemble le terrorisme et la cybercriminalité. Quant aux activités de renseignement des Chinois à l’encontre de la Russie, au regard d’Alexeï Maslov, elles augmenteront de façon peu significative. N