Nous avons demandé à M. Salon en quoi, selon lui, consiste le danger et comment défendre la langue, vecteur originel de la culture de la douce France.
Albert Salon. « Il s’agit des deux choses : il s’agit de la langue française en France, c’est-à-dire de son affirmation et pas seulement de sa défense ; et puis de la francophonie dans le monde au sens de la langue française établie un peu partout sur les 5 continents, mais d’autre part, la francophonie avec un grand « F ». Autrement dit l’organisation de la francophonie que l’on appelle « L’Organisation internationale de la francophonie ».
La Voix de la Russie. Le français cède-t-il beaucoup de terrain par rapport à l’anglais ?
Albert Salon. « L’anglais est actuellement dominant pour les raisons que l’on connaît tous. Le problème n’est pas de rejeter les Anglo-saxons et les Américains avec l’anglais mais de rejeter leur hégémonie ! Donc d’éviter en ce qui concerne la France, que le français en France soit remplacé par l’anglais. Or c’est bien cela qu’un certain nombre de nos élites voudrait. Cette partie des élites se fait souvent appeler des « collabos ». Ce phénomène existe également en Allemagne, en Espagne et dans d’autres pays de l’UE. Le continent européen serait en passe d’être anglicisé par tous les moyens disponibles.
Nos tâches sont : lutter contre l’hégémonie, empêcher l’effacement, la mise à l’écart, la mise sur la touche de la langue française en France et dans tous les espaces à travers le monde naturellement. Il s’agit d’un vaste complot ! Il y a nos collaborateurs qui sont à l’œuvre. Mais derrière il y a l’Empire anglo-saxon lui-même ou Alliance des Anglo-saxons mais aussi des Germains au sens large du terme qui veulent imposer l’anglais partout. C’est un moyen de domination. C’est contre cela que nous nous insurgeons. »
LVdlR. Qu’est-ce que vous entendez par la défense de la langue française en France ?
Albert Salon. « Il ne s’agit pas que des chanteurs anglais ! Nous voulons maintenir la langue française dans toutes ses fonctions, et notamment, dans ses fonctions vitales principales. Il s’agit de ne pas écarter notre langue des médias ni de la science ou de la recherche ! Or c’est bien ce qui se passe à l’heure actuelle. Il ne faut pas tendre à l’écarter de l’enseignement comme on a voulu le faire pour l’enseignement supérieur. On voudrait passer à l’enseignement en anglais dans nos universités et grandes écoles ! C’est un comble ! »
LVdlR. Vous êtes nombreux ? Avez-vous des collaborateurs ?
Albert Salon. « Notre Association « Avenir de la langue française » aux travaux de laquelle je préside compte 400 membres cotisants. Mais il y a un Conseil d’Administration composé de gens actifs. Toutes ces associations, à titre général, souffrent du même mal : il y a très peu de gens actifs et beaucoup de gens qui suivent ou font semblant de suivre. Lorsqu’ils cotisent, c’est déjà pas mal ! Notre Association, elle, a ceci de particulier qu’elle a bon nombre d’actifs et de militants !
Son mérite principal est et cela fait pendant à d’autres associations qui existent dans ce domaine, c’est de faire avec elles une synergie. C’est-à-dire quand tantôt l’une tantôt l’autre prennent la défense de la langue française, les autres suivent. Et même au cas par cas. Ils s’y mettent ou non, mais en général, elles se retrouvent dans les mêmes grandes actions. S’il s’agit de lutter contre le funeste article 2 de la loi Fiorazo sur la réforme de l’enseignement supérieur, nos 32 associations françaises étaient au coude à coude. Et c’est elles qui ont lancé la campagne médiatique contre cette affaire ! Et avec l’aide d’autres personnalités comme Claude Hagège, Attali et d’autres compagnons comme les 4 Académies en France existant à ce jour. On a remué droite, gauche et centre – tout ce qu’il y a de patriote encore dans ce pays ! – pour protester contre cette… forfaiture du Président de la République et de Fiorazo, bien évidemment. Nous avons réussi à imposer des amendements à cette loi. De même nous lançons une grande campagne « Communes de France pour la langue française ».
Nous avons commencé par mettre la francophonie dans la Constitution. Nous avons été à l’époque des débats sur Maastricht, en 1992 où l’on introduisait l’Europe dans la Constitution française. Nous nous sommes dits : il faut introduire d’une part, la langue française et d’autre part, la francophonie comme l’espace auquel la France doit participer. Nous avons finalement réussi en 2008. Ensuite nous avons réussi à faire passer la loi Toubon en 1994. »
Commentaires de l’Auteur. Un peuple se définit par sa langue. Si elle disparaît, c’est que l’atomisation devient irréversible et une ethnie se meurt. Le latin a vécu et est depuis belle lurette une langue morte. Pourvu que le français ne prenne pas ce chemin au nom des technocrates-internationalistes ! T