La Haye demande la remise en liberté de l'équipage du navire de Greenpeace Arctic Sunrise battant pavillon néerlandais, la suspension de toutes les procédures administratives et pénales dans le cadre de l’affaire de « l’attaque » des militants de Greenpeace contre la plate-forme pétrolière Prirazlomnaïa, la libération du navire, c’est-à-dire la possibilité pour lui de quitter les eaux territoriales de la Russie (sans doute, avec l’équipage, car ce n’est pas le « Hollandais volant »). Et enfin, l’assurance que la partie russe n’entreprendra aucune démarche de nature à aggraver la situation. Cela rappelle un stratagème chinois ancien : vaincre « sans coup férir ».
La décision de la Russie de boycotter la séance du tribunal de Hambourg n’a pas arrêté les plaignants. (Alors que dans ce boycott il n’y a rien d’anti-néerlandais : tout simplement les militants de Greenpeace ont escaladé la plateforme Prirazlomnaïa dans les eaux territoriales russes, et la Russie ne discutera de sa souveraineté dans aucune instance judiciaire étrangère.) L’artillerie lourde juridique et de propagande de la partie néerlandaise est certaine de sa victoire. Les médias néerlandais et britanniques ne cessent de parler depuis plusieurs semaines des militants de Greenpeace, détenus dans une prison de Mourmansk « dans des conditions extrêmement dures » – comment après cela ne pas laisser partir le « Hollandais volant » avec des excuses ?
Il reste à savoir ce que signifie n’entreprendre « aucune démarche de nature à aggraver la situation ». Sans doute, la Russie devrait-t-elle retirer ses accusations de houliganisme. Et puis proclamer la plateforme Prirazlomnaïa propriété de Greenpeace et n’autoriser que les compagnies néerlandaises à forer dans l’Arctique. Il faudrait, peut-être, permettre aux Néerlandais de prospecter, en plus du pétrole et du gaz naturel, du gaz de schiste dans les sous-sols de Russie. Au Pays-Bas, on étudie en ce moment des projets d’extraction du gaz de schiste dans le pays. Et cela alors que du point de vue écologique la technique de fracturation hydraulique est bien plus dangereuse et polluante que le forage du pétrole sur la plateforme Prirazlomnaïa en Arctique.
Des incohérences, il y en aura encore beaucoup, tant que le « Hollandais volant » n’aura pas accosté les rives de relations normales et pragmatiques avec la Russie. T