Washington devrait adopter un plan coûteux pour moderniser l’arsenal nucléaire américain en Europe, en dépit de la réduction générale des dépenses du Pentagone pour la défense, écrit mercredi le quotidien Rossiïskaïa gazeta.
Ce programme visant à prolonger la durée de service des bombes nucléaires B61 coûtera 8,1 milliards de dollars, rapporte la revue Jane's.
Les bombes qui font partie de l'arsenal américain depuis 1968 sont aujourd’hui obsolètes et cette modernisation augmenterait fortement leur potentiel d'attaque. En particulier, l'installation d'un dispositif de guidage sur les ogives nucléaires permettrait de transformer ces bombes gravitaires en bombes "intelligentes".
Ces munitions modernisées, dont la production pourrait commencer en 2020, répondront au code B61-12. Elles pourront être embarquées aussi bien sur les bombardiers stratégiques B-2 et B-52 que sur les avions tactiques F-15 et F-16, ainsi que sur le chasseur de cinquième génération F-35.
Selon les chercheurs de la Fédération des scientifiques américains (FAS), le potentiel des B61 serait ainsi significativement accru : après leur modernisation ils pourraient être utilisés de manière chirurgicale, allant à l'encontre des promesses des USA et de l'Otan de réduire le rôle des armements nucléaires en Europe.
En outre, comme l'indique Hans Kristensen de la FAS, la doctrine militaire américaine adoptée en 2010 indique clairement que les "programmes de prolongation de la durée de service de l'armement nucléaire (…) ne conduiront pas à l'apparition de nouvelles capacités militaires".
Le nombre exact de bombes nucléaires américaines en Europe est confidentiel. On suppose que près de 200 bombes B61 se trouvent actuellement dans les bases américaines en Allemagne, en Belgique et en Italie.
Beaucoup de pays européens s'opposent à la présence américaine nucléaire sur le Vieux Continent et exigent le retrait de ces armes du territoire européen.
Conformément au traité START-3, le nombre total de munitions stratégiques nucléaires et de leurs vecteurs déployés par les USA et la Russie ne doivent pas dépasser 1 550 unités.
Actuellement, le président américain Barack Obama cherche activement à inclure les armes nucléaires tactiques dans son ordre du jour de désarmement. Forte d'un avantage considérable dans ce domaine, la Russie ne s'empresse pas de prendre des engagements supplémentaires et lie toute avancée dans les négociations sur la réduction des armes tactiques au problème du déploiement de l'ABM américain en Europe.
Néanmoins, selon les experts américains, le nouveau cycle de négociations russo-américaines sur la réduction des armements nucléaires pourrait commencer dès cette année. D'après Steven Pifer, directeur de la Brookings Arms Control Initiative, un maximum de 1 000 munitions pourrait constituer un plafond raisonnable pour les USA et la Russie.
"Le plafond actuel - 1 550 ogives - est supérieur aux besoins de dissuasion des USA et de la Russie. Je pense que la perspective d'une attaque russe contre les USA avec 1 000 ogives, et vice versa, serait un facteur suffisant de dissuasion pour le gouvernement des deux pays", conclut l'expert.