Le corridor gazier adriatique, une voie sans issue pour l'Ukraine

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La presse ukrainienne a informé l’opinion publique de sa nouvelle réussite dans le domaine de la lutte pour l’indépendance vis-à-vis du gaz russe. Après que les tentatives d'accord sur la livraison de gaz russe en Ukraine par la Pologne ont échoué à cause d’un coût trop élevé, le gouvernement ukrainien a décidé de rejoindre le corridor gazier adriatique dans l’espoir d’obtenir un gaz bon marché depuis les Balkans. Mais ces projets sont irréalisables.

Lors d'une réunion du Conseil européen qui s'est tenue le 25 octobre dernier, le ministre ukrainien de l'Énergie Edouard Stavitski a signé un accord qui permettra à la Croatie d'acheter du gaz au terminal de gaz naturel liquéfié et le livrer en Ukraine à travers le système de gazoducs existant. Le volume pourrait atteindre 5 à 6 milliards de mètres cubes par an.

Le projet de corridor gazier adriatique a été élaboré par le commissaire européen, célèbre pour débloquer des fonds pour des projets qui n’ont aucun sens comme le gazoduc entre la Roumanie et la Moldavie Iasi-Ungheni. Après l’adoption de ce projet et une pompeuse cérémonie d’inauguration, les constructeurs roumains ont tout simplement disparu avec le matériel et les tuyaux. Actuellement, une commission spéciale est en train d’enquêter sur cet épisode triste et comique à la fois, mais en vain pour l’instant.

Il est peu probable que le projet de corridor gazier adriatique puisse aider l’Ukraine. Dans le meilleur des cas, il sera opérationnel en 2017. En outre, malgré le projet de terminal qui sera construit sur l’île croate de Krk, aucun accord gazier par la voie maritime n’a été signé, et n’est pas prévu d’être signé. Le coupable dans cette histoire, c’est la différence des prix du gaz qui varie entre 25% et 50%, alors que les économies asiatiques sont en pleine croissance et la mise en service de nouvelles centrales nucléaires au Japon n’est pas prévue à moyen terme. Les conditions actuelles du marché forcent donc les producteurs de gaz, qui peuvent choisir leur marché, d'envoyer ce gaz vers l'Asie, et non pas en Europe, où le nombre de terminaux et de projets de terminaux dépasse largement les pronostics les plus optimistes sur les quantités de gaz livré.

Si des quantités de gaz libres de contrats existaient sur ce marché, l’Ukraine aurait encore pu essayer de terminer la construction de son propre terminal à Odessa. Mais le gouvernement ukrainien n’a ni la possibilité, ni les moyens de trouver du gaz.

La signature de l'accord sur l'achat de gaz par l'Ukraine à travers ce fameux corridor adriatique donnera aux hommes politiques ukrainiens la possibilité d’éviter pendant les années à venir de promettre à leurs électeurs la possibilité de se débarrasser du monopole de Gazprom. Mais une fois que le projet aura échoué, Kiev devra réfléchir à une nouvelle ruse pour résoudre le problème de sa consommation domestique.    N

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