Face aux problèmes de l’obésité, le Mexique a commencé une véritable guerre avec des mesures draconiennes. La cause poursuivie par le gouvernement mexicain est tout à fait noble, mais les méthodes suscitent des doutes.
Personne ne peut dire avec certitude à quel moment le Mexique a commencé à rattraper les Etats-Unis en termes de la part d’obèses par rapport à la population totale. Mais selon les données de 2013, les chiffres des deux pays sont comparables : 70% de la population du Mexique est en surpoids, et près de 1/3 sont obèses.
Le 31 octobre dernier, le président du Mexique Enrique Peña Nieto a lancé une campagne nationale contre la suralimentation, qualifiant le nombre croissant des personnes en surpoids d’épidémie. Le chef d’Etat a appelé les Mexicains à faire du sport, ou du moins bouger davantage. Quant à la chambre haute du parlement national, elle a approuvé à majorité écrasante l’impôt pour la « junk food » et les sodas. Désormais tout aliment dont 100 grammes représentent plus de 275 kilocalories, est soumis à une taxe de 8%.
Désormais le problème de l’obésité au Mexique touche non seulement les adultes, mais aussi les enfants, explique à La Voix de la Russie le maire de la capitale du pays, Mexico, Miguel Angel Mancera. Selon Mancera, les autorités de la capitale ont obligé les restaurants de la ville à retirer les salières de leurs tables. Et grâce au soutien des entrepreneurs de la ville, un vaste programme d’amélioration de la qualité de la nourriture sera mis en œuvre. Les écoles seront fournies en eau potable pour empêcher les écoliers de boire des sodas. Le problème de l'excès de poids pour les Mexicains est lié avec les traditions.
« On ne faisait pas attention à ce problème, considérant que si un homme est fort, c’est qu’il est en bonne santé », précise Mancera. « Ainsi, le nombre de policiers en surpoids a fortement augmenté. Malheureusement à Mexico il y a beaucoup d’endroits où l’on peut grignoter quelque chose, dans la rue. Notre mission – c’est d’inciter la population à manger sain et équilibré. »
Selon le maire de la capitale, cette initiative vient des forces de gauche et elle est en train de prendre de l’ampleur. Selon les sources de La Voix de la Russie, 46% de policiers de Mexico sont en surpoids.
De l’autre côté de l’Atlantique, on reste sceptique face aux méthodes de lutte contre l’obésité à la mexicaine. La diététicienne Svetlana Issaenkova explique à La Voix de la Russie que la teneur en calories – c’est un indicateur qui oriente le spécialiste, mais pas le patient, qui ne connaît pas les mécanismes de la nutrition. En composant son régime alimentaire d’après la teneur de calories, les personnes en surpoids tombent inévitablement dans le piège.
Elena Solomatina, médecin-nutritionniste, explique que certains aliments, bien que très riches en calories, peuvent être bons pour la santé.
« C’est le cas des huiles végétales dont notre organisme a besoin. Ces huiles ont un apport de 900 kilocalories pour 100 ml. Ainsi, même une cuillère à thé de 30 grammes représente l’équivalent de 270 kilocalories, voire même plus. Les noix aussi sont très riches en apport calorifique, avec, selon la catégorie, jusqu’à 600 kcal pour 100 grammes »,explique l’experte.
Quant aux aliments qui sont pauvres en calories, ils peuvent parfois nuire à la santé, explique Elena Solomatina. Les produits alimentaires de la gamme « light » peuvent ne pas contenir de sucre, mais de l'aspartame, ce qui ne les rend pas meilleurs. L'aspartame peut libérer des substances toxiques et conduire à une intoxication alimentaire. Les repas doivent être équilibrés en fonction des caractéristiques individuelles de chaque personne, de leur constitution et de leur mode de vie.
En général, un homme adulte qui n’effectue pas de tâches physiques pénibles pendant la journée, a besoin de 3500 kcal par jour. Et ses repas doivent être constitués des aliments à propriétés bien précises. Un morceau de viande avec des légumes cuits à la vapeur a la même teneur en calories qu’une barre chocolatée. Mais dans le deuxième cas l’organisme ne reçoit aucun apport en fibres. En mangeant une barre chocolatée, la personne aura faim plus vite que si elle mange un plat constitué de la viande et des légumes.
En ce qui concerne la compatibilité des nutriments, les points de vue des nutritionnistes, des physiologistes et des chimistes divergent. Ainsi, les nutritionnistes russes ne seront pas contre un morceau de pain avec une tranche de lard, surtout par des temps froids qui vont commencer bientôt. C’est bon pour la santé et en Russie le problème de l’obésité n’est pas aussi critique que dans certains pays.