La dure réalité du Grand Remplacement. Analyse de Renaud Camus

La dure réalité du Grand Remplacement. Analyse de Renaud Camus
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Qu’importe que l’on taraude Alain Finkielkraut en réduisant ses constats à des accès d’alarmisme aigus. Qu’importe, comme le fait Alain Soral, que l’on vilipende Renaud Camus en lui reprochant de secouer le symptôme en passant sous silence le diagnostic qui le ferait remonter à la racine du grand malaise.

S’il y a un fait qui bouleverse aujourd’hui près du quart des Français (24 % d’intentions de vote pour Marine le Pen) c’est bel et bien le remplacement progressif, remplacement ethnique, culturel, civilisationnel de la nation française.

J’aurais dû dire qu’il y a remplacement au sein de l’Europe à toute son échelle mais, reprenant une réflexion pêchée dans Mélancolie françaised’Eric Zemmour selon laquelle La France n’est pas en Europe, elle est l’Europe, je m’arrêterai sur le cas de notre cher pays. Vous me pardonnerez peut-être mon francocentrisme de patriote incorrigible, car j’ai bien des justificatifs historiques en poche signés Clovis, Charlemagne, Louis IX, Jeanne d’Arc et j’en passe.

Certes, disant A, on devrait dire B. Disant B, on devrait dire A avant. La France se défrancise. A qui la faute ? Croyez-vous que le Français moyen se pose la question ? J’en doute. Un mien parent a récemment rétorqué, quand la conversation vira aux catégories anthropologiques, que d’aucuns « ont tendance à appréhender un Attila imaginaire qui serait à leurs portes » et que ces mêmes d’ « aucuns » sont de plus en plus nombreux. Qui dit Attila, dit violence, pillage, viol, bref, toutes les barbaries qui accompagnent les invasions. Parlant de l’anamnèse médicale du grand mal français, on pourrait parfaitement faire abstraction des horreurs évoquées. Non point parce qu’elles n’existent pas, notamment dans les zones de non-droit, mais parce que la prédominance démographique de personnes ne considérant pas la culture française comme étant la leur est sur le point de devenir flagrante ou l’est déjà. Si dans une cinquantaine d’années l’ensemble du territoire français s’apparentera à ce qu’il est devenu à Marseille, à Lille ou, mieux, à Roubaix, je crois que nous pourrons mettre un point final dans nos manuels d’histoire.

« Restons cartésiens, la peur est contre-productive », peut-on entendre ici ou là. Pourtant, quand la peur sera synonyme d’instinct de survie et qu’elle sortira des tiroirs jugés insupportablement rances du FN, ne sera-t-il pas trop tard ? Face à un multiculti a priori charmant, utopiste, presque novateur car jamais conceptualisé auparavant, et pourtant, face à un multiculti de plus en plus invivable, il est des gens à moitié conscients qui estiment que c’est la langue française qui sauvera notre identité. Il s’agirait pour eux d’un dénominateur commun à toute épreuve. C’était l’argument de celui-là même qui disait : « n’ayez crainte, la peur fait des ravages! » D’autres, tels M. Christian Vannest, Président du RPF (Rassemblement pour la France), appuie sa réflexion sur un constat de Rivarol associant la dégradation des langues au déclin des empires. Selon M. Vannest, le français est manipulé d’une façon totalitaire par des élites politiques orwelliennes dédaigneuses du véritable sens des mots puisqu’elles arrivent à qualifier l’expulsion de la jeune Leonarda d’acte « cruel et abject », comme si elle avait été torturée et fusillée. Si la langue croule sous le rouleau compresseur de l’hystérie droit-de-l’hommiste, c’est que la société, donc, le pays (pour remplacer le terme suranné d’empire de Rivarol) ne se sentent guère mieux. Et puis, en somme, ou en est-on si l’on croit qu’il ne reste dans notre arsenal que le français pour nous définir sur le plan identitaire et niveler le choc de la rupture ? Qui plus est, oublierait-on que le latin a bien pu mourir en tant que langue vernaculaire entre les VIIe et Xe siècles, c’est-à-dire 200-400 ans après la chute de l’Empire romain d’Occident. Cette mort n’est pas intervenue tout de suite mais elle est quand même intervenue. Donc, non, la francophonie n’est pas un palliatif de taille.

Ces considérations formulées, j’ai le plaisir de donner la parole à M. Renaud Camus, écrivain, essayiste, créateur du parti de l’In-nocenceen 2002.

La VdlR. « Qu’entendez-vous par le Grand Remplacement ? Pourriez-vous nous en donner une définition ?

Renaud Camus. « Le Grand Remplacement n’a pas vraiment besoin de définition. Ce n’est pas un concept, hélas. C’est bien pire qu’un concept, c’est une réalité de tous les jours, c’est quelque chose que les gens peuvent observer chaque fois qu’ils descendent dans la rue. C’est, tout simplement, le changement de peuple. Il y a un peuple quelque part, dans un pays donné. Par un mouvement qui est extrêmement rapide et qui d’ailleurs va s’accélérant, il y a un autre peuple, ce qui implique nécessairement une autre civilisation, car c’est une conception très méprisante des peuples, des individus, des hommes, des femmes qu’on pose que de penser qu’avec une autre population qui a sa propre culture, sa propre civilisation, on puisse avoir le même peuple. Par conséquent, le Grand Remplacement est simplement la substitution d’un peuple à un autre, partout : dans les rues, les métros, les universités, les écoles, surtout dans les prisons parce que c’est là que le remplacement est bien plus avancé qu’ailleurs. »

La VdlR. Vous dites que la crise économique représente un phénomène secondaire par rapport à la crise identitaire. N’avez-vous pourtant pas l’impression qu’immigration de masse incontrôlée et hégémonie financière des oligarchies supranationales sont deux réalités reliées entre elles ? Cette question revient à se demander à qui profite le Grand Remplacement.

Renaud Camus. « Tout est évidement étroitement interconnecté. Quand je dis que la crise – le changement de peuple et de civilisation – est pour la France une crise plus importante que la Guerre de cent ans ou que la défaite de 1940, et donc, plus importante que la crise économique, c’est que, avec un autre peuple, nous aurons une autre Histoire. Je ne nie pas la gravité de la crise économique, mais de crises économiques, il y en a eu de très graves, deux ou trois par siècle en moyenne … On s’en remet ! Or, ayant un autre peuple, on sort de l’Histoire. Quant au fait que la crise économique ait des répercussions sur le changement de peuple – et vice-versa, d’ailleurs – c’est l’évidence, mais c’est vrai aussi pour la situation de l’école, pour la situation culturelle en général. Quant à savoir à qui profite le changement de peuple, on peut toujours accuser les uns et les autres, par exemple la grande finance internationale, les intérêts nationaux qui bien entendu gagnent beaucoup à disposer de ce que j’appelle l’homme remplaçable, c’est-à-dire qui est un pion sur un échiquier, qui est inconditionnellement délocalisable, ce qui évidemment est la conception la plus méprisante et la plus basse que l’on puisse avoir de l’individu. On peut incriminer les USA, on peut incriminer l’Europe qui est comme un pays sorti de l’Histoire, c’est ça le drame. C’est le fait que, probablement, les catastrophes du milieu du XXe siècle ont à terme impliqué cette sortie de l’Histoire que l’on constate tous les jours, que l’on pouvait constater hier soir quand on voyait la façon absolument ridicule et sinistre dont était célébrée la prétendue libération des otages … enfin, ils ont bel et bien été libérés mais à quel prix ? On sentimentalise cet évènement à l’extrême, on va interroger les familles en leur demandant quels sont leurs sentiments à l’égard du retour de leur

« papa », comme ils disent dans leur sale langue ridicule. Tout cela montre l’abdication de toute dignité, un refus de participer à l’Histoire, c’est-à-dire de se considérer comme un acteur de la situation historique. »

La VdlR. Quels remèdes voyez-vous au grand mal que vous décrivez avec tant de lucidité ? N’est-il pas trop tard ?

Renaud Camus. « Personnellement, je ne crois pas qu’il soit trop tard puisque j’essaye dans la mesure de mes moyens d’agir, de rassembler le plus grand nombre de gens possible. Je ne cesse de lancer des appels à ce que j’appelle le NON au changement de peuple, de civilisation et j’appelle toit le monde à se réunir autour de cet énorme refus délibéré qui implique, certainement, un changement de gouvernement. Il faudrait se débarrasser de ce que j’appelle les « remplacistes » parce que le Grand Remplacement les arrange. Par exemple, le pouvoir socialiste compte déjà électoralement sur les remplaçants, c’est-à-dire que sa clientèle électorale, c’est bien celle-là. Ils croient avoir en ces remplaçants la garantie de rester au pouvoir éternellement. Actuellement, il faut rassembler tous ceux qui sont horrifiés par cette espèce d’évanouissement d’une civilisation qui fut grande, prestigieuse, belle et qui n’a absolument aucune raison d’être abandonnée pour d’autres qui ne la valent pas nécessairement, en tout cas sur le territoire de ce qui fut le lieu de ses prestiges. »

La VdlR. Le FN pourrait être une solution ou c’est encore une chimère ?

Renaud Camus. « Le FN fait partie sûrement de la solution. Je ne suis pas ennemi du FN. J’ai appelé à voter pour Marine le Pen … Cela dit, tout le monde ne rejoindra pas nécessairement le FN. Il ya des aspects dans celui-ci que beaucoup de gens ne sont pas disposés à accepter et donc, il faut qu’il y ait aux côtés du FN l’ensemble de ceux qui sont décidés à dire NON à ce désastre, à ce changement de peuple. Il est possible, il faut espérer qu’il y ait un sursaut dans les populations de la France et de l’Europe pour former une force véritable qui se manifesterait de toutes les façons concevables, d’où cette fondation de ma part du NCPC – Non au changement de peuple et de civilisation – auquel je convie mes compatriotes. D’ailleurs, pas seulement les Français, puisque la question ne se pose pas seulement en France et est à envisager à l’échelle européenne, dans cette Europe qui s’est déclarée ville ouverte et qui consent à cette espèce de suicide, à cette colonisation par ses anciens colonisés comme l’avait dit si justement Vladimir Poutine il y déjà dix ans.» T


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