Et si on mélangeait le hip-hop, la danse classique et la danse contemporaine ?

Et si on mélangeait le hip-hop, la danse classique et la danse contemporaine ?
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Je parie que peu sont ceux qui peuvent s’imaginer l’effet d’un amalgame du hip-hop, de la danse classique et de la danse contemporaine. Ce qui en résulte, pourtant, frappe l’imagination !

On a pu s’en assurer lors du spectacle de danse présenté par Mourad Merzouki et sa Compagnie Käfig dans le cadre du festival international de la danse contemporaine « Dance Inversion 2013 » qui se tient actuellement à Moscou. Mourad Merzouki a montré au public russe cette fois-ci le show Yo Gee Ti.Le chorégraphe dont la spécialisation est la danse hip-hop a décidé de surprendre le public par son nouveau programme qui est inspiré par la culture taïwanaise et qui combine des éléments de trois types de danse. Comme résultat : 20 minutes d’applaudissements en rafale après le spectacle et une photo prise par Mourad Merzouki de ses danseurs avec pour toile de fond une salle pleine aux spectateurs débout.

Avant le spectacle nous avons réussi à poser quelques questions à M. Merzouki.

Mourad Merzouki. C’est la deuxième fois qu’on vient. La première fois c’était il y presque dix ans. On a un très bon souvenir, il fait toujours aussi froid, à part cela j’ai un bon souvenir du public. J’ai été content parce que le public russe à l’époque ne connaissait pas mon travail et la manière dont j’amène le hip-hop sur scène. Donc au début ils étaient un petit peu surpris mais on a eu un bel accueil. J’espère qu’on l’aura aujourd’hui.

LVdlR. Votre spectacle actuel s’appelle à la taïwanaise. Vous vous êtes inspiré de la culture taïwanaise, n’est-ce pas ? Comment la tradition taïwanaise a enrichi votre danse ?

Mourad Merzouki. Ce qui était très intéressant c’est que j’ai travaillé avec les danseurs contemporains et classiques. Moi je viens du hip-hop. Donc c’était la première fois que j’ai mélangé le hip-hop avec la danse contemporaine et la danse classique. Deuxièmement, j’ai découvert une culture que je ne connaissais pas, la culture taïwanaise. Cela m’a apporté une autre approche à la fois au corps, à la fois au rapport à la musique, au travail de mise en scène. Donc c’était un vrai challenge pour moi mais aussi pour les danseurs français parce que dans le spectacle il y a cinq danseurs français et cinq danseurs taïwanais. C’est un mélange donc de corps totalement différents et c’est aussi un mélange de cultures. C’était un vrai pari pour moi par rapport à mon travail et mon histoire avec la danse hip-hop.

LVdlR. La danse taïwanaise elle est comment ?

Mourad Merzouki.C’est très précis, c’est du contemporain. Cela n’a rien à voir avec la danse hip-hop mais les danseurs avaient une capacité, une faculté de mémoriser la gestuelle. C’est ce qui m’a complètement surpris. Je ne sais pas si cela vient de leur éducation, de leur manière d’avoir travaillé, appris la danse. Moi je ne parle pas le taïwanais donc il y avait la barrière des mots mais par contre ce qui était très agréable, c’est ce qu’ils arrivaient très bien à comprendre très vite là où je voulais les amener. C’est quelque chose qui est intéressant pour le hip-hop qui est une danse au départ bruyante, improvisée, pas forcément écrite. Pour moi c’était quelque chose d’intéressant.

LVdlR. Le hip-hop est la danse d’aujourd’hui, la danse de notre époque. Il est très populaire aujourd’hui. Comment le hip-hop reflète la réalité ?

Mourad Merzouki. La force de la danse hip-hop c’est qu’elle s’est évoluée dans la rue avec le peuple, au cœur de la société. Elle arrive à intégrer le quotidien des gens. Mais en même temps, aujourd’hui il y a des chorégraphes comme moi qui essayent d’amener le hip-hop sur une scène. Avec ce vocabulaire on essaye de raconter finalement notre sensibilité. C’est intéressant parce que du coup, le hip-hop fait va-et-vient entre la rue et la scène, donc il permet de rester toujours en contact avec notre monde, avec le quotidien. Et je crois c’est pour cela que depuis presque 30 ans le hip-hop continue à évoluer. Justement, il y a cette sensibilité à la société. On ne se coupe pas. Ce n’est pas parce qu’aujourd’hui je danse dans un théâtre que je ne suis pas attentif à ce qui se passe dans l’actualité. Je crois que c’est une force. Je pense que c’est important que le hip-hop reste avec cet état d’esprit.

LVdlR. Qu’est-ce que c’est la danse contemporaine pour vous ?

Mourad Merzouki. C’est vrai qu’on pourrait dire, si on prend l’explication des mots, que le hip-hop est la danse contemporaine, la danse d’aujourd’hui. Mais évidemment, quand on creuse un peu, la danse contemporaine ça évoque autre chose pour moi. C’est une danse qui a une autre énergie, qui a une autre histoire. C’est une danse qui est portée pas par les mêmes individus. Le hip-hop a été pratiqué pendant longtemps pas des jeunes issus d’immigration, qui viennent des quartiers. Mais ce n’est pas la danse contemporaine. C’est deux histoires différentes. Par contre, elles peuvent être complémentaires comme dans le spectacle que je propose ce soir. On peut dire que c’est un spectacle de danse contemporaine. On est loin de la démonstration du hip-hop. On en est loin musicalement. Vous verrez, je travaille sur des musiques parfois classiques, parfois poétique, mais pas forcément des musique de hip-hop. On peut dire que mes spectacles c’est une écriture contemporaine même si la gestuelle est en majorité une gestuelle de hip-hop. Je l’écrit pour le spectacle. On n’est pas dans la démonstration et la spontanéité. Encore une différence que peu entrevoir entre ces deux danses, c’est que dans le hip-hop il y a une certaine générosité. On danse pour exister, on dans pour vivre, on danse pour partager. Cela fait la particularité de la danse hip-hop même si cela change d’année en année, la danse évolue mais les racines de cette danse étaient effectivement tout cela. Alors que la danse contemporaine, effectivement, même si cela était porté par des gens engagés, c’est un autre vocabulaire. Mais j’aime bien le mélanger au hip-hop.

LVdlR. Où vous vous produisez en France ?

Mourad Merzouki. Partout. La Compagnie Käfig a été créée 1996. Moi je suis né à Lyon et je vis à Lyon mais je travaille à Paris. Je fais tout le temps des allers-retours.

LVdlR. Est-ce que vous aurez des musiciens sur scène aujourd’hui ?

Mourad Merzouki. Pas dans ce spectacle qu’on va présenter ce soir mais dans un spectacle que j’ai créé il y a deux ans. Il y a un quatuor à cordes de Debussy. C’est un spectacle sur le thème de la boxe. J’ai mélangé le hip-hop, la boxe et la musique classique en live sur scène.

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