Les arrestations ont souvent été effectuées sans motifs suffisants, mais les agents du ministère ne peuvent pas renoncer à cette pratique parce que les quotas sont imposés par une directive du Congrès.
Ce document obscur a été tiré au grand jour par le Washington Post. Le journal a révélé que ce programme connu sous le nom de « mandat BB » était appliqué aux États-Unis depuis 2006. Les législateurs avaient alors décidé que la police d’immigration n’était pas à la hauteur et lui ont imposé un quota journalier de migrants en situation irrégulière . Ce quota avait eu le temps d’augmenter depuis et s’élève actuellement, conformément au « mandat BB » (bed and breakfest) à 34 000 personnes. Lisez le commentaire de Dmitri Abzalov, vice-président du Centre de communications stratégiques :
« Il s’agit en fait d’une initiative avancée et défendue en son temps par les républicains qui, comme on le sait, sont partisans des limtations drastiques de flux de migrants. Le président d'alors G.W.Busch avait donc initié le durcissement de la législation en matière d’immigration, y compris sur la question du transfert et des déplacements des étrangers. »
Le flux de migrants en situation irrégulière vient principalement du Mexique mais il a chuté depuis quelques années. Cependant, du moment que les quotas en question ne cessent d’augmenter, la police d’immigration est obligée de ruser pour les remplir. Aussi voit-on souvent dans les maisons d’arrêt pour immigrés en situation irrégulière des étrangers en situation parfaitement régulière ayant commis des délits mineurs. Les tribunaux prononcent finalement leur relaxe et ils restent aux États-Unis. Mais, en attendant ce verdict, ils passent un certain temps en maison d’arrêt. Le budget américain alloue annuellement 2,8 milliards de dollars pour l’arrestation et l’expulsion des migrants en situation irrégulière. Le ministère de la sécurité intérieure a proposé de réduire ces dépenses par la révision à la baisse des quotas du « mandat BB » en les faisant passer à 31 800 personnes. Pourtant, ces initiatives ont été rejetées par les républicains. Ecoutez le commentaire du politologue Alexeï Tcherniaev :
« Tous les projets de luttre contre les migrants sont principalement défendus par les républicains en opposition à Obama. Ils ont cependant une petite fraction dirigée par le sénateur McCain qui préconise une attitude plus libérale envers les migrants. Mais, globalement, le parti républicain qui contrôle actuellement le parlement est un adversaire résolu des migrants et préconise les mesures les plus sévères, y compris l’achèvement du chantier du fameux mur entre le Mexique et les États-Unis destiné à bloquer entièrement la frontière entre ces deux pays. »
Les maisons d’arrêt pour migrants en situation irrégulière ressemblent peu à des prisons à proprement parler. Ce sont plutôt des centres de rétention où les migrants peuvent se déplacer librement. Ils disposent également de matériel ménager comme des climatiseurs, des tv à écran plat ou des micro-ondes. Il y a aussi des terrains de foot et de basket, une bibliothèque et une classe équipée d’ordinateurs. Les migrants peuvent également suivre différentes filières de formation. Comment s’étonner dès lors que l’entretien d’une seule personne revienne journalièrement à 150 dollars. Les sociétés privées qui desservent ces centres avaient déjà eu le temps de gagner des centaines de millions de dollars. Selon Julia Mayers Woods qui dirigeait la police d’immigration et des douanes US au temps du président G.W.Busch, si auparavant le quota pour les immigrés en situation irrégulière était justifié, le programme « mandat BB » n’a plus, quant à lui, aucun sens. N
