D’autres pays européens ont également l’intention de remplir le trésor en introduisant de nouveaux impôts et taxes. Ces initiatives défient parfois la logique au point d’exaspérer les autochtones et de surprendre tous les autres.
De nombreuses villes d’Espagne connaissent 3000 heures de soleil par an, ce qui fait que le pays est un des plus gros producteurs d’énergie solaire. Les capacités de production sont actuellement de 60 % supérieures à la demande et le budget doit aux producteurs 26 milliards d’euros. Madrid avait alors décidé de taxer les propriétaires des panneaux solaires pour réduire leur nombre. Mais non content de cela, il se propose d’introduire aussi des amendes farfelues. Ainsi, les joueurs de tarot, les mendiants qui hantent les centres commerciaux et ceux qui nourrissent ou baignent les chiens sur la voie publique seront délestés de 750 euros. Les autorités régionales ne sont pas en reste et certaines villes ont frappé de taxes les sacs en plastique, les jeux de hasard, la pratique du skatebord ou des feux d’artifice sur la voie publique. L’Espagne a le plus grand besoin des fonds supplémentaires pour rembourser ses nombreuses dettes. Le gouvernement prévoit que la dette souveraine se montera à 100 % du PIB l’année prochaine. « Les activités économiques traditionnelles ne procurent pas assez de rentrées fiscales. Et comme l’Espagne est très endettée et doit investir dans le social, elle est obligée de renflouer son budget par tous les moyens imaginables. Cela a parfois l’air ridicule mais c’est un témoignage de plus de la gravité des problèmes économiques auxquels est confronté le pays. Je pense cependant que toutes ces taxes seront progressivement abrogées au fur et à mesure d’amélioration de la situation économique », explique Valeri Piven, directeur du département analytique de Life Capital Probiznesbank :
Les taxes fantaisistes sont également appelées à la rescousse de l’économie grecque. La « troïka » des créanciers avait calculé qu’après l’augmentation de la taxe sur les voitures, c’est le tour des vélos parce que les Grecs ont massivement opté pour les deux-roues dont on compte déjà un million. Les piétons devront payer aussi parce que la « troïka » propose d’inclure le prix des chaussures dans la taxe sur les piétons. Les Finlandais qui s’en sortent apparemment bien ne ont pas exception à la règle parce qu’ils introduisent la taxe touristique qui existe déjà en France, en Espagne et en Italie. Chaque touriste devra désormais verser une taxe journalière de 2 euros pour un séjour dans la ville de Lapeenranta. Rome se montre aussi prolixe en matière de taxes bizarroïdes au point que les Italiens sont obligés de payer pour leurs compagnons à quatre pattes et chaque fois qu’ils traversent la frontière.
Les initiatives de ce genre ont ceci de dangereux que l’alourdissement de la charge fiscale permet de remplir les budgets sans stimuler pour autant le développement économique, note Vladislav Belov, directeur du département des pays et régions de l’Institut de l’Europe :
« La charge fiscale est si lourde qu’elle freine le développement de l’entreprise. Il faut au contraire essayer d’optimiser les impôts afin qu’ils puissent stimuler les activités économiques et d’entreprise au lieu de les pousser à passer dans l’ombre. »
Il faut surtout que les pays européens se gardent de tordre le bâton dans leurs efforts pour sortir les économies de leur état de crise. La palme revient à l’Angleterre qui avait en son temps réalisé le rêve de toutes les agences du trésor public du monde en introduisant la taxe sur la vie. Chaque citoyen était supposé payer pour le simple fait d’être encore en vie. Mais cette idée géniale a « fait un four » face à la révolte des Britanniques qui ont stoppé l’arbitraire fiscal. T