L'Europe de Lampedusa : couloirs humanitaires pour radeaux de la Méduse

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En une semaine, deux drames au large de l'île de Lampedusa en Italie et à Malte ont fait des centaines de victimes. Les médias montrant en boucle les images de candidats à l'Eden européen en train d'être secourus ou d'être repêchés sans vie de cette Méditerranée devenue un cimetière maritime. Ces événements dramatiques ont immédiatement été exploités par les activistes de la gauche européenne pour redéfinir la politique migratoire.

Cris de désespoir

Vendredi dernier, c'est au large de Lampedusa et de Malte qu'un bateau chargé d'immigrés a coulé.

Selon l'agence Ansa, qui avait annoncé un bilan d'une cinquantaine de morts, dont plusieurs femmes et une dizaine d'enfants, 33 corps auraient été retrouvés.

Ce naufrage rappelle donc celui de la semaine d'avant, au large de cette même île de Lampedusa. Un navire qui comptait 500 migrants à son bord a pris feu et a coulé. Le bilan provisoire de la catastrophe s'élève vendredi à 312 victimes, en majorité érythréennes. Seules 155 ont survécu au drame.

Par ailleurs, 12 personnes sont mortes lors d'un autre naufrage au large de l'Égypte. Les victimes se trouvaient dans un bateau transportant des clandestins et des réfugiés syriens. Selon une source égyptienne, 72 Palestiniens, 40 Syriens et quatre Égyptiens ont été sauvés par les garde-côtes égyptiens.

Ainsi, en l'espace d'une semaine, des centaines de migrants (réfugiés des guerres ou simplement candidats à une vie meilleure) embarqués par des réseaux de trafiquants d'êtres humains (on annonce le prix du billet trans-méditerranéen à 1000 euro) ont achevé la traversée du Styx séparant les enfers africains et moyen-orientaux d'une Europe paradisiaque.

Et voilà qu'au large de cette île de Lampedusa, le rêve européen, cette mythique Europe que la terre entière veut conquérir, jouir de ses beautés et de ses attraits finit dans les eaux profondes d'une méditerranée qui risque de se transformer bientôt en mer de cadavres.

Comme à chaque fois, les plus « humanistes » ont fait de ces drames qui durent pourtant depuis de nombreuses années, des événements désormais insoutenables.

Symphonie macabre

A coup de pathos, de plus «honte !» aux égoïsmes nationaux et de haro sur ces européens devenus, après ces accidents, complices de non-assistance à personne en danger et pourquoi pas de co-responsables, les bonnes âmes n'ont pas décoléré. Bien sûr, si un bateau rempli d'immigrés par des passeurs charognards tunisiens ou égyptiens prend l'eau car on y fait un feu juste à côté d'un moteur suintant d'essence, cela reste uniquement la faute de ces égoïstes français, allemands et autres populistes de droite.

Lampedusa, c'est la faute aux nationalistes, aux identitaires, aux contestataires complices de ce climat anti-immigrationiste en Europe qui crée les vagues de mécontentements finissant par couler les « bateaux ». En réalité, des rafiots pourris dans lesquels les mafias locales entassent hommes mais surtout femmes et enfants et tant pis s'ils se noient ; la traversée est déjà payée, nul ne viendra réclamer et les clients suivants se bousculent.

Sirènes et hurlements

L'Italie représentée par son icône multi culti ministre de l'Intégration, Cécile Kyenge (première africaine ministre en Italie) propose la création de « couloirs humanitaires » en Méditerranée. Ce dimanche, la chaîne Euronews, en écho, n'hésitait pas à questionner des intervenants sur un éventuel couloir humanitaire qu'on imposerait à la Syrie. Deux millions de réfugiés, rappelle-t-on. Un autre million pour l'Erythrée et la Somalie. Trois millions aux portes de l'UE, sans oublier les dizaines de milliers de candidats à l'exil qui s'attaquent chaque année aux barbelés des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla. Sans non plus omettre les roms, caucasiens, kosovars et l'immigration traditionnelle de regroupement familial...

Pour l'organisation française pour une citoyenneté universelle (O.C.U.), « Il faut desserrer les contrôles aux frontières ».

D'autre part, un groupe de 69 ONG lance également un appel à l'UE : les Etats européens sont trop rigides. Ils sont victimes de mouvements politiques xénophobes et racistes qui manipulent les opinions publiques. Clairement, il faudra changer les choses.

Les premières notes d'une directive « Lampedusa »

Comment ? Cela est relativement simple en théorie : les Etats devront transférer leurs compétences en matières d'immigration, d'asile et pourquoi pas d'intégration à la Commission européenne. Un peu comme nous l'avons fait pour l'Euro, nous mettons nos destins nationaux dans les mains des technocrates de Bruxelles qui trouveront évidemment les moyens les plus appropriés pour absorber ces millions de réfugiés qu'on ne peut quand même pas laisser mourir dans l'indifférence.

L'octroi de ces prérogatives, aujourd'hui encore très largement du ressort des Etats membres, permettra par exemple de distribuer des quotas à chaque pays selon ses moyens et comme on le fait actuellement, d'accompagner l'acceptation de réfugiés de primes européennes. Ainsi, non seulement les Etats traditionnellement les plus accueillants (la France, la Belgique, les Pays-bas, l'Allemagne, la Suède ...) en matière d'immigration pourront absorber davantage, mais également tous les pays actuellement réfractaires (Pologne, Hongrie, Grèce, Pays baltes...)

Une double solidarité serait mise en place ; solidarité avec les migrants et solidarité européenne. Un monde parfait.

Chants guerriers : effet Larsen

Il est fini le temps des cathédrales et de la forteresse europe. Pourquoi aller traiter les racines du problème : les printemps arabes fomentés par l'Occident qui tournent au chaos, la politique désastreuse de l'UE et de ses alliés en Syrie où nous sponsorisons et envoyons des rebelles islamistes et la gestion africaine consistant à enrichir des élites corrompues qui détournent le peu d'aides aux développement que l'Europe consent à "donner" moyennant souvent quelques contrats juteux.

La directive « Lampedusa » serait la panacée. Elle renforcerait le pouvoir de Bruxelles, la politique pro-immigrationiste de la Commission et des bonnes âmes toujours prêtes à tendre la main des autres et à trouver des financements dans les poches d'autrui.

On se souviendra certainement du premier signe de cette politique d'ouverture des portes de l'UE par le geste si remarquable de M. Letta, Premier Ministre Italien qui aura fait le bonheur de 300 émigrants en leur accordant la nationalité italienne ... à titre posthume.

Entre appels d'air et noyades, les sirènes de Lampedusa n'ont pas fini d'attirer les migrants par leurs chants humanitaires. Parfois pour finir européen dans le fond de la mer. /N

 

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