Quelques réflexions sur Valdaï 2013

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Arnaud Dubien - Sputnik Afrique
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Le Club de Valdaï fêtait cette année son 10ème anniversaire. Fondé par RIA Novosti et le Conseil de Politique étrangère et de Défense (SVOP), il s’est rapidement imposé comme le rendez-vous annuel incontournable des experts étrangers de la Russie.

Le Club de Valdaï fêtait cette année son 10ème anniversaire. Fondé par RIA Novosti et le Conseil de Politique étrangère et de Défense (SVOP), il s’est rapidement imposé comme le rendez-vous annuel incontournable des experts étrangers de la Russie.

Outre la qualité, la diversité et la liberté des débats, ce qui distingue le Club de Valdaï des innombrables conférences et séminaires internationaux est qu’il offre la possibilité aux participants d’échanger dans un cadre informel avec les plus hauts dirigeants russes. Sergueï Lavrov et Sergueï Choïgou, ministres des Affaires étrangères et de la Défense, le chef de l’administration présidentielle Sergueï Ivanov et son adjoint Viatcheslav Volodine, et, naturellement, Vladimir Poutine étaient présents à Valdaï entre le 16 et le 19 septembre. Le thème central de la discussion était « Identité et diversité », mais de nombreux sujets y ont été abordés – en particulier la politique intérieure russe et la Syrie.

Intervenant une semaine après les élections locales et régionales du 8 septembre, la 10ème session du Club de Valdaï a donné lieu à des échanges surprenants entre représentants de l’opposition et du pouvoir. Le nouveau maire d’Ekaterinbourg, Evguéni Roïzman, a fait forte impression (y compris chez des experts réputés proches du Kremlin) et a enterré la hache de guerre avec le gouverneur de la région, Evguéni Kouïvachev. Si Alexeï Navalny n’a, semble-t-il, pas été invité (ce qui explique sans doute que le candidat à la mairie de Moscou ait qualifié les participants de « désoeuvrés »), Ksenia Sobtchak, Vladimir Ryjkov, Dmitri Goudkov ou bien encore Ilia Ponomarev ont pris une part active aux travaux. Tous ont pu faire part de leurs observations sur les récents scrutins et sur l’évolution du système politique russe à Viatcheslav Volodine. Vladimir Poutine leur a également passé la parole lors de la session de questions-réponses lors du débat de clôture le 19 au soir. Il est naturellement trop tôt pour en tirer des enseignements, mais la tonalité des échanges – et, surtout, des réponses du Kremlin – étaient plutôt bienveillantes et encourageantes. Le scrutin de Moscou, largement considéré comme exemplaire en termes de transparence, semble in fine être considéré comme un précédent positif par l’administration présidentielle. Reste à savoir s’il se diffusera aux nombreuses régions et municipalités où doivent se tenir, à l’automne 2014, des nouvelles élections.

Autre enseignement de Valdaï 2013 – les incertitudes d’ordre économique et politique se multiplient en ce début de troisième mandat présidentiel de Vladimir Poutine. Même si la récession ne paraît pas à l’ordre du jour, il est évident que les marges de manœuvres budgétaires du gouvernement seront incomparablement plus réduites qu’auparavant. Les promesses sociales inscrites dans les fameux décrets présidentiels du 7 mai 2012 pèsent lourd. Le programme d’acquisition d’armement étant sanctuarisé (tout au plus sera-t-il étalé dans le temps),  l’investissement – y compris dans le capital humain via les dépenses de santé et d’éducation – seront les variables d’ajustement budgétaires. Ce qui ne peut être qualifié de politique d’avenir. Concernant 2018, les journalistes ont retenu l’échange plein de sous-entendus entre Vladimir Poutine et François Fillon sur les ambitions présidentielles des uns et des autres. Cependant peu de participants du Club de Valdaï croient réellement à l’hypothèse d’un quatrième mandat de l’actuel président russe.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

Arnaud Dubien dirige, depuis mars 2012, l’Observatoire franco-russe à Moscou. Diplômé de l’INALCO et de l’IEP de Paris, il a été, de 1999 à 2006, chercheur Russie-CEI à l’Institut de relations internationales et stratégiques. Il a ensuite dirigé plusieurs publications spécialisées sur l’espace post-soviétique, parmi lesquelles l’édition russe de la revue Foreign Policy et les lettres confidentielles Russia Intelligence et Ukraine Intelligence. Ces dernières années, Arnaud Dubien a par ailleurs travaillé comme consultant du Centre d’analyse et de prévision du ministère des Aff aires étrangères, ainsi que de grands groupes industriels français. Il est membre du Club de Valdaï.

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