Retrait d’Afghanistan: l’espace postsoviétique s’attend au pire

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Sotchi accueille aujourd’hui le sommet de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), bloc militaro-politique de l'espace postsoviétique supervisé par Moscou, écrit lundi 23 septembre le quotidien Kommersant.

Sotchi accueille aujourd’hui le sommet de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), bloc militaro-politique de l'espace postsoviétique supervisé par Moscou, écrit lundi 23 septembre le quotidien Kommersant.

La Russie espère rallier les membres de l'organisation face aux menaces croissantes venant du sud, avant tout d'Afghanistan.

Les présidents des pays membres de l'OTSC se réunissent en général en décembre mais cette fois, ils ont jugé devoir le faire plus tôt. Selon une source de la délégation russe, tout un ensemble de questions ne peut pas attendre comme la situation en Afghanistan, d'où se retirera la majeure partie du contingent de l'Otan en 2014. Bien que l'Alliance évoque l'avenir en Afghanistan avec optimisme et affirme que les forces de sécurité nationales arriveront à assurer l'ordre, la Russie et ses alliés se préparent au pire scénario.

Au cours des entretiens prévus lors du sommet le président russe Vladimir Poutine, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou discuteront avec leurs homologues biélorusses, kazakhs, arméniens, kirghizes et tadjiks du développement de la Force collective d'intervention rapide de l'OTSC et de son potentiel en termes de maintien de la paix. Une attention particulière sera accordée au renforcement de la frontière entre l’Afghanistan et le Tadjikistan.

La Russie a promis d'allouer 200 millions de dollars au réarmement de l'armée tadjike : actuellement, Moscou et Douchanbé se mettent d'accord sur la nomenclature du matériel dont le Tadjikistan aura besoin - il s’agira avant tout d'armes d'infanterie. Par ailleurs, les experts pensent que l'affaire pourrait ne pas se limiter aux livraisons d'armes et les garde-frontières russes pourraient revenir à la frontière tadjiko-afghane. Ils avaient protégé cette région de 1 400 km jusqu'en 2005, après quoi Douchanbé avait entièrement pris en charge cette mission.

Les forces tadjikes ont en réalité des difficultés à remplir leur mission, comme en témoigne la hausse significative du trafic de drogues afghanes dont la majeure partie est destinée à la Russie. Si après le retrait du contingent étranger la situation en Afghanistan s'aggravait et qu’une guerre civile éclatait, les autorités tadjikes n'arriveraient pas à gérer l'afflux de réfugiés et la pression des groupes criminels armés sans aide extérieur en selon les experts russes. L'ambassadeur russe à Kaboul, Andreï Avetissian, a récemment déclaré qu'en raison de la détérioration prévue de la situation en Afghanistan, Moscou étudiait la possibilité de projeter ses garde-frontières sur la frontière tadjiko-afghane. Il a toutefois souligné que la Russie n'entreprendrait aucune action sans en avertir préalablement les autorités tadjikes.

Pour l'instant, Douchanbé ne dit rien de concret à ce sujet. L'élection présidentielle se tiendra au Tadjikistan en novembre et bien que le président sortant Emomali Rakhmon n'ait pas de concurrents sérieux, il n'annoncera certainement pas une mesure qui pourrait être interprétée par ses opposants comme une atteinte à la souveraineté du pays.

La Syrie sera également un thème clé du sommet. Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, a déclaré hier à la chaîne Perviy Kanal que la Russie était prête à mettre à disposition ses militaires pour contribuer à la sécurité des régions où travailleront les experts de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC). Les dirigeants des pays membres de l'OTSC devraient adopter aujourd'hui une déclaration commune en soutien de l'initiative de Moscou pour l'établissement du contrôle international sur les arsenaux chimiques syriens.

Aujourd'hui également le Kirghizstan passera le relais de la présidence à l'OTSC à la Russie. Selon une source du secrétariat de l'organisation, Moscou cherchera à renforcer la coopération politique et militaro-stratégique au sein du bloc et proclamera comme priorité la lutte contre le trafic des stupéfiants, ce qui sera certainement l'une des initiatives clés de la présidence de la Russie au G8 l'an prochain. Selon la source, Moscou espère rallier les membres de l'organisation face aux risques croissants émanant du sud car ces menaces pourraient prochainement devenir la plus importante épreuve pour le bloc.

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