Cette déclaration a été faite à Moscou par le ministre des Affaires étrangères de Russie Sergueï Lavrov. L'approche de l'Ouest sur la crise syrienne est particulièrement politisée et poursuit le but de prouver « la supériorité », ainsi que la possibilité de « faire la pluie et le beau temps au Proche-Orient ».
Le chef de la diplomatie russe, qui est d'habitude poli et réservé, a tenu pour la première fois des propos durs sur la position des partenaires occidentaux de Moscou dans une interview à la première chaine de la télévision russe.
Les manipulations autour du dernier rapport des inspecteurs de l'ONU sur l'arme chimique montrent que l’Occident, en fait, n’en avait pas besoin, a dit Sergueï Lavrov:
« La France et les États-Unis n'ont pas caché qu'aucun rapport ne leur était nécessaire. Bien avant que le rapport soit préparé, ils ont déclaré tout savoir depuis longtemps et qu’en plus, leurs renseignements étaient irréprochables, et pourtant, jusqu'à présent, ils ne nous ont rien montré. Mais ce qu'ils nous ont montré ne nous convaint pas que cet épisode est lié à l'utilisation de l'arme chimique par le régime. »
Sergueï Lavrov a rappelé qu'avant le compte-rendu de l'enquête sur l'attaque près de Damas du 21 août, une lettre ouverte des vétérans de la CIA et du Pentagone à l'attention du président des États-Unis Barack Obama avait été publiée dans les médias américains. Ils y disaient sans détour que l'utilisation des "substances chimiques " en Syrie était une provocation. Lavrov avait à l'esprit cette lettre des vétérans du 8 septembre. On y a prêté la sourde oreille tout simplement….
Selon le diplomate russe, l'Ouest voit dans l'accord russo-américain du 14 septembre (sur la mise sous contrôle international de l'arme chimique syrienne), non pas la chance de délivrer la planète d’un volume important de substances toxiques, mais la chance de faire pression, pour que soit prise « une résolution forte » contre le régime, et pour que l'opposition soit blanchie, il veut accuser Bachar al-Assad de tous les maux et par cela, laisser les mains libres pour les solutions musclées :
« Ils (les Occidentaux) ne peuvent pas reconnaître une nouvelle fois leur erreur : comme ils se sont trompés avec la Libye, ayant pilonné le pays et l'ayant mis au seuil d’une catastrophe ; comme ils se sont trompés avec l'Irak, y ayant fait la même chose, ayant mené une opération terrestre et ayant laissé le pays dans une situation très difficile, où chaque jour, une dizaine de personnes périssent à la suite d'attentats. Personne ne se rappelle de cela, déjà. Tous disent seulement que Bachar al-Assad doit partir. Mais ils n’ont pas intérêt à reconnaitre que certains actes ont amené à une catastrophe dans la région. »
Le ministre des affaires étrangères de la Russie a rappelé que deux tiers d’extrémistes de l'opposition étaient des jihadistes, et que leur but était de créer en Syrie un califat islamique. Cela pourrait amener à une catastrophe dans toute la région.
Sergueï Lavrov a rejeté aussi les tentatives de charger uniquement la Russie de la liquidation des stocks chimiques syriens:
« Je veux préciser que nous ne sommes pas le garant du désarmement chimique en Syrie. Nous avons assuré l'adhésion de la Syrie à la Convention sur l'interdiction de l'arme chimique sans aucune restriction - à la différence des Américains, qui se sont joints à la Convention sous quelques conditions. Maintenant, la Syrie est un pays signataire de ce document juridiquement contraignant. C'est pourquoi, le garant de l'exécution par la Syrie des obligations sur la Convention, c’est toute la communauté internationale. Et dans le cas présent – l’Organisation pour l'interdiction de l'arme chimique. »
Sergueï Lavrov a dit aussi qu’à son avis, s'agissant de la liquidation de l'arme chimique syrienne, il n’était pas nécessaire d’envoyer en Syrie des forces internationales. On pourra se limiter à l'envoi d'effectifs policiers pour la protection des inspecteurs de l’Organisation pour l'interdiction de l'arme chimique. Ce que la Russie est prête à faire. /N