« Sovietland » par Guillaume Reynard

« Sovietland » par Guillaume Reynard
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Ça fait déjà plus de 20 ans que l’URSS a disparu. Evidemment, en 20 ans beaucoup a changé mais presque dans chaque famille, dans chaque appartement dans l’espace postsoviétique il reste encore des traces de cette époque pas si lointaine mais très différente. Au fil du temps ces traces vont s’effacer et seuls les musées abriteront les objets qui avaient fait toute une époque. Dans ce contexte la démarche de l’illustrateur français Guillaume Reynard qui vient de présenter à l’Institut français de Moscou son exposition de dessins « Sovietland » est très pertinente et intéressante. Guillaume a réussi à bien saisir l’esprit soviétique à travers les objets de ce temps-là. Ecoutons-le !

Guillaume Reynard : J’expose pour la première fois à Moscou mes dessins que j’ai réalisés sur 15 ans à peu près dans l’ex-Union Soviétique. En fait, c’était venu petit à petit. J’ai beaucoup voyagé dans les pays de l’ex-Union Soviétique que ça soit en Ukraine, au Kazakhstan ou en Russie et petit à petit je me suis rendu compte que ce qui m’intéressait c’était vraiment les traces de cette époque soviétique qui était en train de disparaître et, particulièrement, les objets. Donc j’ai réuni mes dessins, pour en proposer une exposition. Mais au départ, je n’étais pas parti pour faire une exposition.

LVdlR : Vous dessinez plutôt pour plaisir ?

Guillaume Reynard : Je ne vous cache pas que c’est mon travail, d’une certaine manière je trouve toujours un financement pour voyager mais c’est vrai aussi que c’est mon plaisir. J’ai la chance d’exercer un métier que je fais avec plaisir.

LVdlR : Si j’ai bien compris, le romantique soviétique vous inspire… Est-ce pour cela que vous aviez effectué des voyages au Kazakhstan, en Russie, en Ukraine ?

Guillaume Reynard : Ce n’est pas toujours pour ça… Parfois j’ai fait des documentaires ou des interventions dans ces pays-là. Ce n’était pas toujours pour ce sujet-là. C’est un sujet qui est venu à moi petit à petit.

LVdlR : Vous faites donc aussi des filmes…

Guillaume Reynard : Oui, j’ai réalisé trois documentaires, principalement sur le Kazakhstan. Mais depuis quelques années je ne me suis concentré vraiment que sur le dessin. J’avais envie d’expérimenter une autre façon de s’exprimer, avec une caméra, de l’image et du son, et voilà j’ai expérimenté cela et maintenant je suis revenu plus vers le dessin. Ça ne veut pas dire que je ne referai pas des filmes un jour mais, à présent, je suis plus recentré sur le dessin et sur la peinture.

LVdlR : L’époque soviétique, vous fascine-t-elle ?

Guillaume Reynard : Il y a plusieurs choses qui me fascinent dans cette histoire. La première chose c’est vraiment la disparition. Ce qui m’intéresse c’est de voir comment une histoire qui a quand même modelé à la fois des gens, des paysages et des espaces, comment une époque entière, 70 années d’un régime, finalement, assez dur qui a imposé vraiment une façon de vivre, de penser, peut disparaître aussi vite. Les traces de cette société s’effacent quand même très vite. Ça c’est mon principal centre d’intérêts. Mais le deuxième c’est aussi que pour quelqu’un qui est né en France comme moi, tous ces objets soviétiques ont une forme d’exotisme. C’est que tout l’univers soviétique n’avait pas franchi les frontières. Donc ça m’intéressait de dessiner des objets, des paysages, des architectures qui étaient inédites, à mes yeux. C’est aussi ça qui m’inspire beaucoup.

Je dessine principalement au crayon papier et après je reprends à l’encre. Il y a quelques peintures qui sont faites à l’acrylique en grand format que j’ai fait un peu spécialement pour l’exposition à l’Institut français de Moscou. Mais la plupart du temps c’est à l’encre, il n’y a pas trop de couleur.

LVdlR : J’ai aussi remarqué que vous avez quelques peintures avec les plantes grasses. Pourquoi aimez-vous ce sujet ?

Guillaume Reynard : C’est cette forme de romantisme que j’aime bien dans les plantes grasses. J’adore les fenêtres soviétiques. Peut-être elles ne sont pas soviétiques, peut-être elles sont russes, tout simplement, ces fenêtres à doubles vitrages avec les plantes grasses, je trouve que c’est assez beau. Ça me touche beaucoup. Ma démarche n’est pas scientifique. Franchement, elle n’est pas politique, elle n’est pas scientifique, c’est plus quelque chose de l’ordre du sentiment ou de l’ordre de l’affectif. C’est ce que je ressens.

LVdlR : Où peut-on voir vos dessins en France ?

Guillaume Reynard : En France j’ai un site http://guillaumereynard.com/ sinon mes dessins sont dans une galerie à Paris dans le 1er arrondissement « Galerie des Petits Papiers ». Je prévois de faire une exposition à Paris à la fin de l’automne pour présenter un livre que je prépare pour Sotchi qui s’appellera « Sotchi pour mémoire ». C’est un livre qui parle de Sotchi, qui présente des dessins que j’ai fait à Sotchi il y a quatre ans, c’est une ville assez romantique.

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